Nîmes : Pierre-André Benoit et la simplicité de la poésie
Peintures et collages de Pierre-André Benoit chez le galerie Philippe Adoue de Nabias à Nîmes.
Son nom est toujours accompagné de ses prestigieuses collaborations, Pablo Picasso, Georges Braque, Francis Picabia, René Char ou Michel Seuphor. Mais Pierre-André Benoit n'était pas seulement l'éditeur de petits trésors de bibliophilie. Lui-même peintre et poète, l'artiste laisse une oeuvre personnelle passionnante. Pour la première fois depuis sa mort en 1993, une galerie présente son travail. Installé à Nîmes, Philippe Adoue de Nabias est passionné depuis longtemps par son travail. Grâce un travail avec la famille de Pierre-André Benoit, il réunit plus de 40 œuvres, quelques toiles, mais surtout des gouaches ou des collages, datant des années 1950 à la fin de sa vie au début des années 1990.
Dès le départ, revient la figure récurrente de l’oiseau, qui apparaît avant sa rencontre avec Braque. « Un vieux dialogue, un symbole de liberté », selon Philippe Adoue de Nabias, émerveillé par l’art discret de Pierre-André Benoit, « très simple en apparence, mais très équilibré comme sa typographie qui est toujours très calculée ». Une autre image refait surface en permanence, le profil comme un idéal de rencontre pour ce solitaire qui travaillait dans l’ombre, dans la solitude. Chaque fois, la beauté tient sur un fil. Elle repose sur ce presque rien qui fait la poésie, élevant le regard vers un autre horizon, l'arrachant du réel pour toucher un mystère indicible.
Dans un grand raffinement, Pierre-André Benoit livre un art minimal et d’une efficacité étonnante. Dans ses peintures, il manie avec délicatesse la modeste gouache. Pour ses collages, l’artiste ne peint pas les papiers qu’il découpe comme Matisse, il compose ses œuvres directement à partir de papiers à dessin colorés, jouant avec les gammes existantes, avec les superpositions, avec le positif et le négatif de la découpe. Philippe Adoue de Nabias présente notamment de grands papiers conçus dans les années 1980, des études pour les décors du musée qui porte aujourd’hui son nom à Alès ou un oiseau en cage, représenté de l’intérieur, le soleil derrière les barreaux. Comme pour ses livres que s’arrachent les bibliophiles, Pierre-André Benoit manie aussi avec virtuosité la miniature, avec des petites scènes d’intérieur, des fleurs ou des paysages réduits à quelques lignes. Avec une évidence du trait et un graphisme d’une grande pureté, il livre des œuvres aux tonalités silencieuses, modestes mais touchées par la grâce.
Jusqu'au 16 octobre. Mardi au samedi, de 10 h à 12 h et de 15 h à 19 h. Galerie Adoue de Nabias, 3 ter rue de la Violette, Nîmes. Entrée libre. 06 52 69 09 78.