Constance Quéniaux, le visage de L'Origine du monde
C'est l'un des grands mystères de l'histoire de l'art que vient de percer l'écrivain Claude Schopp, l'un des plus romanesques. Dans un livre aux éditions Phébus, il dévoile l'identité de la jeune femme qui a posé pour L'Origine du monde de Gustave Courbet. L'auteur a fait le tour des médias pour évoquer les détails de sa découverte.
Constance Quéniaux par André-Adolphe-Eugène Disderi.. René-Gabriel Ojéda / RMN-GP
Spécialiste d'Alexandre Dumas, père et fils, Claude Schopp a découvert en épluchant la correspondance entre l'auteur de La Dame aux camélias et George Sand, une allusion au tableau. Dans une missive de 1871, ce dernier évoque le Communard Gustave Courbet et écrit : « On ne peint pas de son pinceau le plus délicat et le plus sonore l'intérieur de Mlle Queniault de l'Opéra. » Longtemps, la transcription de cette lettre évoquait l'interview et non l'intérieur, ce qui ne voulait rien dire.
Mais la découverte est doublement extraordinaire. Cette sulfureuse Origine du monde n'a pas seulement un nom, elle a aussi un visage car le musée d'Orsay qui expose l'oeuvre de Courbet possède aussi des photos de Constance Quéniaux, prises par Eugène Disderi en 1860, six ans avant le tableau.
Cette demoiselle Quéniaux, et non Quéniault, était une danseuse de l'opéra, l'archétype de la courtisane et de la fille légère pour la société bien-pensante à laquelle appartenait Dumas. Elle était la maîtresse de Khalil-Bey, le commanditaire du tableau, diplomate ottoman, érotomane et collectionneur de tableaux qui a aussi possédé Le bain turc d'Ingres.
« Constance n’avait pas d’a priori. Elle a vécu largement, presque royalement, de la galanterie. C’est le monde des danseuses de l’époque. On ne vivait pas de ce métier. Elle a été engagée à l’Opéra, mais dans des petits rôles… Ces danseuses, c’est le terrain de chasse de beaucoup d’hommes », explique Claude Schopp dans une interview au journal Le Parisien.