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Avignon : les visages des veilleurs de Claire Tabouret à la Collection Lambert


Parallèlement à l'exposition consacrée à Ellsworth Kelly, la Collection Lambert, toujours ouverte sur l'art en train de se faire, accueille la jeune peintre Claire Tabouret.

Âgée de 35 ans, installée à Los Angeles, Claire Tabouret signait en juillet dernier l'affiche du festival d'Avignon avec une oeuvre énigmatique, La Grande Camisole, un grand tableau où 23 enfants, qui semblent vêtus d'une même aube claire, interpellent le spectateur. Qui sont ces petits anges au regard charbonneux ? L'artiste reste volontiers énigmatique. Son art n'explique pas, il interroge, par ses non-dits, par ses mystères, par son inquiétante douceur.


Dans ses travaux récents montrés cet été à l'église des Célestins d'Avignon, elle dévoilait des toiles autour de la question du genre. Avec les portraits d'enfants, c'est déjà le trouble autour de l'identité qui se dessine, la définition de l'homme dans les bouleversements contemporains du monde. Il s'agit d'un groupe et certes, tous font corps. Mais chacun se distingue, chacun a sa petite histoire à raconter, son regard propre, son visage. C'est par cet aller-retour entre l'individuel et le collectif que Claire Tabouret construit un art qui frappe chacun au coeur.

En s'intéressant à l'enfance, Claire Tabouret montre surtout un moment de passage, un instant de construction, d'indécision, de transition. Les visages en céramique sont encore plus étranges, l'artiste aime les déguisements, les travestissement, renforçant encore les questionnements. Dans une lumière irréelle, ses personnages flottent dans un espace-temps parallèle, ils apparaissent enveloppés d'une aura singulière et scrutent le spectateur, l’interrogeant sur ce que le monde va leur transmettre.

Et tout cela grâce à la peinture que Claire Tabouret pratique un peu à contre-courant, mais avec un sens de la couleur, de la touche, de l'atmosphère essentiels. Depuis toujours, l'artiste a voulu devenir peintre et elle manie son art avec une apparente simplicité, mais de façon très savante. Les compositions frontales, les effets de masse accrochent le regard de façon frappante, puis l'oeil passe d'un détail à l'autre, d'un sourire à une moue inquiète, d'un visage pâle à un gamin farceur. Les couleurs choisies, les recouvrements, les effacements, les coulures viennent bousculer les certitudes, tout comme ces touches fluo utilisées discrètement sur la tranche de la toile et qui semblent faire surgir le tableau du mur, pour projeter son message dans le monde.

Jusqu'au 4 novembre. Collection Lambert, 5 rue de la Violette, Avignon. 10 €, réduit 8 €, 2 € - 11 ans, gratuit - 6 ans. 04 90 16 520.

Pour aller plus loin :

Entretien avec Claire Tabouret, Par les temps qui courent, France Culture, 13 septembre 2018.

Entretien avec Claire Tabouret, L'heure bleue, France Inter, 20 septembre 2018.

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