top of page

Le Vigan : Situations humanistes au château d'Assas


Au château d'Assas, au Vigan dans le Gard, premier volet d'une exposition collective autour de l'humanisme aujourd'hui. Avec Julien Bouissou, Florence Mirol, Elsa Beaumont et Laurence Soulard.

Que reste-t-il de l'homme et de l’humanisme dans la société contemporaine ? Avec l’exposition “Situation humaniste” au château d’Assas au Vigan, Laurent Puech réunit quatre artistes contemporains qui entrecroisent les disciplines pour évoquer la place de l’homme dans un monde en bouleversement, depuis les définitions forgées à la Renaissance avec une présentation à l'écart d'une vision de l'art contemporain marchande et spectaculaire. Avec une belle constance, le commissaire d'exposition maintient le cap d'une programmation exigeante, à l'égard des modes et en relation avec le territoire. Un vrai travail de fonds pour faire vivre l'art contemporain en Cévennes qu'il faut saluer !

Dans ses vidéos, Julien Bouissou présente en forme de road-movies les possibilités de changer d’identité, la relation de l'artiste au monde, il bouscule les catégories établies. Surtout par sa pratique de la performance, il rompt avec les règles du marché de l’art pour des œuvres pensées pour être offertes, vues hors de toute idée de consommation, d’injonction de produire… Julien Bouissou s’intéresse aux corps, aux ordres de la société, il aime les fusions entre la chair et la matière, entre l’homme et le monde, avec un goût de l’étrange, du bizarre. Les limites de l'homme s'effacent, se troublent, se métissent...

Florence Mirol, avec laquelle il travaille pour l'une de ses vidéos, interroge plus directement la notion philosophique d’humanisme européen avec une série d’œuvres autour de l’héritage antique à Naples. Avec ses images tremblantes, elle secoue les icônes en se demandant ce que les hommes du XXIe siècle ont de commun avec les Grecs qui pensaient la démocratie athénienne il y a 25 siècle. Une image de la dernière éruption du Vésuve pendant la Seconde Guerre mondiale avec les mots “Situation humaniste” montre que la question est brûlante, explosive…

Pour la photographe Elsa Beaumont, saisir ce qu’est l’homme demande du temps, une rencontre véritable et profonde. Les photos d’Afrique qu’elle expose s’étalent sur plus d'une décennie, depuis les premières sur le fleuve Niger, entre Bamako et Gao et qui seraient aujourd’hui impossibles à réaliser. En 2005, pour son diplôme de l’école d’Arles, elle montrait des portraits nocturnes en panoramique pris à Dakar. Avec un temps de pause d'une minute et un format peu commun pour présenter la figure humaine, elle saisit autre chose qu’un corps, mais aussi une respiration, un moment, un léger flou, celui du temps que mettent les personnes à s’installer dans l’image.

Elsa Beaumont présente aussi des portraits, des danseurs de l’école de Germaine Akoni où elle a suivi des cours, des autoportraits dansés dans son environnement européen, mais aussi des portraits d’Africains en Europe, des migrants auxquels elle donne des cours de français dans un centre de Bréau-et-Salagosse, en Cévennes. Loin des clichés misérabilistes, elle donne à voir une Afrique rieuse, vivante, mais aussi des migrants optimistes, jeunes, heureux d’apprendre et de s’intégrer.

Laurence Soulard met aussi de la distance avec les images habituelles, ces images de guerre qui passent en boucle et qui n’ont plus de réalité humaine, ces images de perfection du corps de la poupée Barbie qui l’effraie depuis l’enfance. Dans les ruines d’un quartier du centre de Ganges récemment détruit, elle a eu un choc, « j’ai pensé à un cataclysme, à Beyrouth, à un bombardement ». Immédiatement, elle a mis en scène une vidéo, tournée avec son compagnon dans les décombres de la petite ville de l'Hérault. Avec une cape comme une couverture de survie, un tutu rose et un masque à gaz, il part dans les ruines pour écrire au pochoir sur les murs quelques phrases : « Je t’aime » et « Je suis une princesse ». Une quinzaine de jours plus tard, elle dépose sur place des fleurs noires et ses Barbie dorées. La performance filmée s'accompagne de photos, comme un story board.

Dans un autre film, tourné au château d’Assas au Vigan, la violence se poursuit avec les attentats suicides de poupées dorées. Aux côtés des vidéos, des objets issus de ces interventions, des phrases où le rose niais des assignations féminines se mélange aux barbelés des camps et des frontières, refusant « tout regard distancié qui transforme la guerre en événement banal ».

Une deuxième volet du cycle "Situation humaniste" aura lieu à partir du mois de décembre, autour d'un autre cercle de consciences formé par Alexandre Jianguo An, Séverine Péron, Clément Philippe et Pedro Prazeres.

Jusqu’au 23 novembre. Lundi au vendredi, 10 h 30-12 h et 14 h-17 h. Château d’Assas,11 rue des Barris, Le Vigan.Entrée libre. 04 99 64 26 62.

 FOLLOW THE ARTIFACT: 
  • Facebook B&W
  • Twitter B&W
  • Instagram B&W
 RECENT POSTS: 
bottom of page