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Rodez : le moment Gutai au musée Soulages


Découverte d'un mouvement d'avant-garde japonais rarement montré en Europe au musée Soulages à Rodez.

Pour la plupart des visiteurs du musée Soulages de Rodez, c'est une totale découverte. Le Gutai, mouvement d'avant-garde de la peinture japonaise qui s'est développé à partir des années 1950, est très méconnu en Europe qui, à la même époque, écarquillait les yeux en regardant vers New York. Nourri à la fois par l'expressionnisme américain de Jackson Pollock et l'abstraction lyrique française de Georges Mathieu, le Gutai rassemble une génération d'artistes en rupture et avec des pratiques assez diverses, qui les relient parfois à leurs contemporains occidentaux. Mais ils annoncent et dialoguent aussi avec certaines autres révolutions comme Fluxus ou les Nouveaux réalistes, en intégrant notamment la performance ou l'installation à leurs pratiques, refusant de réduire la peinture à un art en deux dimensions.

En japonais, Gutai signifie art concret. Le nom vient de gu, instrument, et de tai, corps. L'adverbe gutaieteki, concret ou incarnation, s'oppose en principe à l’abstrait. Rien à voir avec l'abstraction géométrique associée aux mots d'art concret en Europe. Chez les artistes du Gutai, c'est au contraire l'expression personnelle de chacun qui est mise en avant, exaltée, invitant le regardeur à prolonger l'émotion vécue lors de la création. Créé en 1954 par Jirô Yoshihara avec notamment Shimamoto Shôzô, le Gutai met l'accent sur le rôle déterminant de l'action dans la démarche créative et remet en cause la tradition. Dans un manifeste, publié en 1956, les artistes proclament : « L'art Gutai ne change pas la matière mais la fait vivre. Il ne falsifie pas le matériel ».

L'un des artistes les plus spectaculaires de l'exposition, remarquablement accrochée, est Shiraga Kazuo qui crée avec ses pieds des peintures épaisses et mouvementées, dans une lutte vitale avec la matière. Autre temps fort de l'exposition, les grandes toiles d'Akira Kanayama évoquant le dripping de Pollock avec ses toiles composées par des voitures télécommandées. Au fil des oeuvres, le regard occidental voit des correspondances avec Yves Klein, Jean Tinguely, Lucio Fontana, mais toujours avec une sensibilité singulière...

La présentation de cette exposition au musée Soulages est particulièrement juste, tant le peintre originaire de Rodez participe au même moment à un vaste mouvement de tabula rasa. Pierre Soulages s'est beaucoup intéressé à la culture du Japon qu'il a visité dès la fin des années 1950 et où il a été régulièrement exposé. Il a d'ailleurs reçu le Praemium Imperiale en 1992. Rarement ou jamais présentées en Europe, la plupart des oeuvres viennent du musée du Hyôgo à Kôbé, ainsi que de quelques musées français, notamment les Abattoirs de Toulouse, le musée Cantini à Marseille ou le centre Pompidou à Paris.

Jusqu'au 4 novembre. Mardi au vendredi, 10 h-12 h et 14 h-18 h. Samedi et dimanche, 11 h-18 h. Musée Soulages, jardin du Foirail, avenue Victor-Hugo, Rodez. 11 €, 7 €. Le billet donne droit d'entrée aux musées Denys-Puech et Fenaille. 05 65 73 82 60.

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