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Nîmes : Fatoumata Diabaté à la galerie NegPos


Formidable exposition de la photographe malienne Fatoumata Diabaté à la galerie NegPos à Nîmes.

Plus que jamais ouverte sur le monde, la galerie photo NegPos à Nîmes accueille l’artiste d’origine malienne Fatoumata Diabaté pour une exposition réjouissante, Mini Mono comme une mini-monographie d’une créatrice déjà reconnue et à l’aube d’une carrière prometteuse. Avec un regard contemporain, elle s’empare de la culture dont elle est issue de façon à la fois malicieuse et porteuse d’une réflexion profonde sur la marche du monde. L'artiste s'est notamment fait connaître avec ses studios photos de rue où elle invite, de façon ludique, le public à un voyage dans le temps vers l'époque de Seydou Keita.

L’exposition débute par la série "L’Homme objet" dans laquelle elle demande aux personnes de poser avec des masques qu’ils ont fabriqué grâce à des objets du quotidien. Les premières photos évoquent la relation avec l’animal issue des légendes africaines, puis les personnes posent avec un seau, un tamis ou une calebasse... « La série est liée aux contes de mon enfance, je viens d’une société du masque », explique Fatoumata Diabaté, qui rejoue dans le présent des rêves, des souvenirs, des traditions... « Le masque est un outil magique protecteur », poursuit l’artiste, qui saisit les personnes frontalement dans un noir et blanc subtil porteur d'histoire mais qui n'a rien de nostalgique.

Avec "Sutiki (A nous la nuit)", Fatoumata Diabaté s’intéresse à la jeunesse de son pays, à cette « génération qui a besoin de liberté », une liberté qui passe notamment par la mode et l’habillement. Dans la journée, les jeunes n’osent pas se vêtir comme ils le veulent. Mais la nuit venue, pour sortir, les corps se libèrent. « Comme tous les jeunes du monde entier », sourit Fatoumata Diabaté. Dans les rues de Bamako, elle croise des jeunes « chics et sexy » qu’elle photographie sur le vif, évoquant les folles soirées des années soixante de Malick Sibidé. Preuve que malgré les conflits, la vie continue, l'envie aussi...

Pour la dernière série "Caméléon", Fatoumata Diabaté bascule vers la couleur. Le sujet l’impose... « C’est un travail sur la dépigmentation artificielle de la peau qui se développe en Afrique. A chaque retour au Mali, je rencontrais dans les bars, les restaurants, les rues des personnes qui me choquaient et me faisaient peur. Ils sont brûlés, ni blancs, ni noirs », explique l’artiste. La série débute par la photo d’une femme à la peau étrange. « Elle attendait le taxi collectif, elle avait du mal à affronter le regard des autres, précise Fatoumata Diabaté. Cela m’a poussé à me lancer dans ce projet. »

Pour évoquer ce sujet sensible, elle livre une série d’autoportraits maquillés en blanc, dénonçant à la fois le danger de cette pratique pour la santé et la société, le néocolonialisme culturel à l’œuvre derrière une pratique qui dépasse largement le souci esthétique. L’artiste se désole de voir des jeunes filles complexées, qui essaient de devenir une autre personne « pour se faire accepter » alors que les occidentaux font des UV (également dangereux !) pour bronzer... « Personne ne s’accepte, tout le monde veut avoir une autre peau ! » Dans certaines images, elle fixe une mannequin blanc, « comme les poupées bien lisses » auxquelles certaines veulent ressembler ou se regarde dans un miroir, outil indispensable pour voir si les traitements fonctionnent. « J’aime ma peau, explique Fatoumata Diabaté. Elle a beaucoup de richesses que je n’ai pas envie de perdre ».

Jusqu’au 23 novembre 2018. Sur rendez-vous. NegPos, 1 cours Nemausus, Nîmes. Entrée libre. 04 66 76 23 96.

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