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Nîmes : Mutations du monde et de l'art au CACN


Une exposition collective autour des mutations sociales et esthétiques au Centre d'art contemporain de Nîmes.

« Le monde change et les artistes changent avec le monde », explique Laureen Picaut, commissaire de l’exposition “Mutations” au Centre d’art contemporain de Nîmes, avec Marie Applagnat. Sociétales, territoriales, artistiques et esthétiques... Les jeunes femmes explorent un monde en mouvement et la façon dont les artistes, tous issus d’Occitanie, le saisissent. Avec Switch, une fresque où trois personnes s’embrassent, Charlotte Caragliu efface les notions de genre, les normes sociales. Dans le wall drawing, les silhouettes, les visages se mélangent sans qu’il soit possible de distinguer les identités, mais tout est suggéré, à peine évoqué avec des lignes en mouvement. Dans un équilibre subtil, l'artiste, créatrice du festival queer Get used to it, s'inspire souvent d'images issues de la sphère du porno pour les réinterpréter avec un style singulier, à la fois élégant, presque précieux et néanmoins sans détour, sans fausse pudeur.

Parmi ces mutations, certaines concernent l’ordre économique de la consommation où le recyclage, les pratiques alternatives, les contestations sont à l’œuvre. Cassandre Cecchella ramasse des vieilles listes de course abandonnées dont elle tire des tableaux où les produits sont figurés mais les marques sont effacées. Pas de natures mortes ou de vanités, mais un pas de côté dans la société de consommation, servi par une peinture qui mélange le sens du détail et des formes à peine esquissées, comme le début d'un portrait en creux. Dis-moi ce que tu achètes, je te dirai qui tu es peut-être...

L’environnement est aussi au cœur du travail de Maxime Sanchez qui bouscule toutes les règles. Le plasticien est également maçon et s’en nourrit dans sa pratique artistique, avec des mélanges de matériaux recyclés où la sculpture classique est totalement bouleversée, par des allusions aux cultures mainstream, le rap ou le tuning notamment. Le réemploi va jusqu’à la réinterprétation de ses propres œuvres, retravaillées pour une nouvelle exposition, à l’encontre des habitudes et de la sacralisation de l'oeuvre. Pour ses empreintes de dinosaures, accrochées au mur par un système de fixation destiné aux plaques de plâtre, il détourne le nail art, une peinture destinée à la décoration des ongles.

Morgane Paubert utilise la céramique, une nouvelle tendance forte de l’art contemporain, pour des formes organiques suspendues à des sangles façon bondage, des formes humaines qui « portent en elles des corps sans les représenter frontalement ».

Les mutations renvoient aussi à la question des traditions, des héritages qui évoluent, s’adaptent... D’origine chinoise, Huan Liu s’inspire des problématiques de son pays. L'artiste utilise souvent la vidéo. Pour l’exposition, elle présente un dessin plein de raffinement, représentant de formes abstraites et féminines, enchevêtrées, comme des filaments vivants évoquant les angoisses de la maladie. Marion Mounic s’empare de ses origines marocaines avec une installation réjouissante, où elle évoque les femmes de sa famille par de vieilles cocottes-minutes qu’elle pose au sol et fait danser comme des derviches tourneurs.

Enfin, Sarah Deslandes évoque les mutations dans la façon de présenter de l’art avec une pratique minimale de la performance, des petites actions furtives dispersées le soir du vernissage. Sur un socle destiné habituellement aux statues, elle pose une pile de feuilles collectant ces interventions passées. Les visiteurs sont invités à se servir et la pile, en mutation permanente, est destinée à s’effacer au fil de l’exposition...

Jusqu'au 15 décembre. Mardi au samedi, 11 h-18 h. Centre d’art contemporain de Nîmes, 25 rue Saint-Rémy, Nîmes. Entrée libre. 09 86 41 60 33.

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