Arles : les oiseaux du paradis de Jean-Luc Mylayne à la fondation Van Gogh
Magnifique exposition Jean-Luc Mylayne, artiste rarement exposé en France, à la fondation Van Gogh à Arles.

« Jean-Luc Mylayne est un peintre qui travaille avec un appareil photo », selon Bice Curiger, commissaire de l’exposition “L’automne du paradis”, rétrospective consacrée à l’artiste à la fondation Van Gogh à Arles. Depuis les années 70, le plasticien s’est engagé dans un art hors du temps autour des oiseaux, une forme d'ascèse hors de toutes contraintes. Son travail a rarement été montré dans les institutions françaises. La fondation arlésienne aime prendre des chemins de traverse avec une programmation exigeante et accessible. Pour ce nouveau projet, elle réunit une quarantaine d'oeuvres, comme autant d'étapes d'une balade à parcourir en prenant son temps...
Un diptyque présenté au début de l’exposition dévoile avec subtilité sa pratique. La photo est prise de l’intérieur d’un salon, les larges baies donnent sur un jardin. Au sol, est posé un dessin représentant un oiseau. Dehors, caché entre les branches, presque invisible, un véritable oiseau dans la même position.

Patiemment, l’artiste conçoit des images, pense la lumière qui doit venir éclairer un brin d’herbe, la présence des volatiles, la composition. Puis, il attend, parfois des mois que la nature vienne offrir l’image qu’il a conçue intellectuellement. La nature silencieuse devient un atelier à ciel ouvert. À la chambre, parfois avec cinq focales, il immortalise l’instant fugace patiemment attendu. Et comme un tableau, la photo est tirée en un unique exemplaire. Bien entendu, la productivité est réduite... Depuis le milieu des années 70, Jean-Luc Mylayne a présenté moins de 500 photographies.


Dans les grands formats, l’oiseau est à la fois l’essentiel et un tout petit détail de l’image, un éclat de beauté que l'oeil doit aller chercher pour en comprendre à la fois la signification et la portée. Jean-Luc Mylayne, dont le pseudonyme est formé par son prénom et celui de sa femme qui l’accompagne dans cette aventure, n’indique jamais le lieu où a été prise la photo, ni le nom de l’oiseau. Ce n’est pas ce qui l’intéresse, il n'est pas ornithologue, il ne travaille pas sur le paysage, mais sur le temps, l'attente, l'apparition et l'évanouissement.

A Marfa au Texas, au Nouveau-Mexique ou en France, Jean-Luc Mylayne doit parfois faire face aux éléments, mais chaque oeuvre est un cadeau pour lui et pour le regardeur. Dans cette anti-monumentalité, dans ce rapport à l'animal et à la nature, Jean-Luc Mylayne cherche la rencontre avec l’autre au fil d'images qui invitent à la contemplation et, ce qui est rare, voire tabou dans l’art contemporain, à l’émerveillement.


Par un jeu avec les flous, les mouvements, l’oiseau traverse parfois l’image. Ailleurs, il se pose, vient apporter une touche de rouge ou de bleu dans le paysage qui prend soudain une toute autre dimension. Jean-Luc Mylayne, avec son regard de peintre, crée des images où le regardeur est invité à chercher, à comprendre, à faire preuve de curiosité, à prendre son temps, à s’interroger devant l’étrangeté des photos, à se promener dans la composition comme il pourrait errer dans l’espace réel en se laissant surprendre par l’apparition poétique d’un martin-pêcheur ou d’une mésange dont le battement d'ailes vient briser le silence.

Jusqu'au 10 février. Tous les jours, 11 h-18 h. Fondation Van Gogh, 35 ter rue du Docteur-Fanton, Arles. 9 €, 7 €, 4 €, billet famille 15 €, gratuit - 12 ans et le premier dimanche du mois. 04 90 93 08 08.