Arles : l'armée romaine, la puissance et la gloire
L'armée est un pilier de l'Empire romain. Le Musée départemental de l'Arles antique explore l'art militaire et son importance durant l'Antiquité romaine.
« L’armée romaine est un sujet que tout le monde pense connaître, avec Astérix et les péplums », sourit Claude Sintès, le directeur du Musée de l’Arles antique, qui quittera bientôt ses fonctions après avoir fait de l'institution un lieu incontournable. La réalité est en réalité assez différente et la recherche a beaucoup évolué récemment. Avec Katia Shörle du musée d'art classique de Mougins, collection privée exceptionnelle qui prête une grande partie des pièces, il réalise une exposition passionnante, revisitant totalement cette histoire tout en restant admirablement accessible. Une nouvelle fois, le musée fait appel Jean-Claude Golvin dont les belles aquarelles rythment le parcours et donnent à voir, avec un réalisme saisissant, la vie quotidienne à l’époque romaine.
La présentation débute par la figure centrale de l’Empereur et la présentation de son rôle militaire de chef des armées. Face à un sublime portrait de bronze d’Auguste, sont évoquées notamment les cérémonies qui accompagnent le départ, notamment avec un bas-relief figurant le sacrifice d’un taureau.
Puis l'exposition explore le fonctionnement des différents corps d’armée. L’infanterie romaine et ses légions sont assez connues. Mais les Romains avaient aussi développé une cavalerie particulièrement performante. Au combat, mais surtout lors des tournois, les soldats portent des masques étonnants, parfois aux traits féminins, et lourds casques aux détails raffinés, ornés de lions, d’aigles ou de griffons et des glaives plus longs que les légionnaires. La marine est également fondamentale, elle permettra à Rome de conquérir l’Égypte et toute la Mare nostrum. L’une des pièces majeures de l’exposition est un puissant éperon de galère, qui a servi lors de la bataille des Egates qui mit fin à la première guerre punique contre les Carthaginois.
Les combats des Romains passionnent les scientifiques depuis longtemps, comme le montrent les maquettes de bateaux et d’armes réalisées à l’époque de Napoléon III. Au-delà de la violence, les représentations servaient à construire peu à peu une identité romaine et à diffuser un discours politique à travers l'Empire. L’exceptionnel bas-relief du Dace, prêté par le musée du Louvre est exemplaire avec son Romain digne, bien équipé, sûr de sa force, qui fait face à un barbare échevelé devant sa hutte : la civilisation triomphe de la sauvagerie.
Les victoires donnaient lieu à des défilés triomphaux, qui pouvaient duraient plusieurs jours. Etaient exhibés les butins, statues, monnaies et richesses pillées, mais aussi les hommes, les chefs prisonniers destinés à la mort, les prisonniers vendus en tant qu'esclaves. Des bas-reliefs montrent ces captifs, traînés sur des charrettes. Les enfants étaient eux éduqués, pour être transformés en vrais Romains !
Mais les soldats ne faisaient pas la guerre en permanence. Ils étaient bien payés et finissaient leur vie avec un lopin de terre, en guise de retraite. L’exposition présente la vie quotidienne des militaires, notamment grâce aux objets incroyablement émouvants du musée du mur d’Hadrien de Vindolanda en Écosse. Dans cet écosystème particulier, la vie antique a été conservée dans la tourbe, y compris les témoignages les plus fragiles. Le musée possède ainsi une étonnante collection de 5 000 chaussures de cuir, qui ont miraculeusement traversé presque deux millénaires. Pour la première fois, le musée a accepté de prêter quelques pièces, notamment une bouleversante paire de sandales d'enfant dans un état de conservation bouleversant.
En conclusion, le musée propose une ouverture vers l'archéologie expérimentale, grâce à une collaboration avec les passionnés de la Légion VIII Augusta. Depuis les années 1980, cette nouvelle façon vivante de regarder l'histoire a profondément changé le regard à la fois du grand public et des scientifiques sur l'Antiquité. A travers les reconstitutions, les visiteurs sont invités a expérimenté la vie des soldats romains, y compris s'ils le souhaitent en portant casque et bouclier...
Jusqu’au 22 avril. Mercredi au lundi, 10 h-18 h. Musée de l’Arles antique, presqu’île du Cirque-Romain, Arles. 8 €, 5 €. 04 13 31 51 03.