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Montpellier : les figures de Dominique Gutherz à l'espace Bagouet


Magnifique exposition de Dominique Gutherz à l'espace Dominique-Bagouet à Montpellier.

Face à face, deux murs où s'alignent des portraits, le même corps alangui sur un fauteuil, le même regard sombre dans le vague, les mêmes formes allongées et toujours quelque chose de vivant, d'intime, de neuf qui survient. Ancien pensionnaire de la villa Médicis, Dominique Gutherz expose une série de portraits de sa femme Catherine à l'espace Bagouet à Montpellier. Mais est-ce vraiment une série de portraits ? Est-ce vraiment sa femme ? Depuis quatre décennies, l'artiste se tient à l'écart de la mode, avançant sur son propre chemin. Le sujet de Dominique Gutherz, tout en restant fidèle à la figuration, c'est aussi la peinture elle-même, comment par la force du dessin, puis par quelques couleurs, il travaille la série, la répétition, l'obsession personnelle avec chaque fois un petit glissement, souvent dans un faux inachèvement. Le trait du crayon est toujours visible, comme les gammes que ferait continuellement un artiste. Puis vient la peinture, pour donner vie à la forme. Les toiles sont magnifiques, elles dégagent une force délicate, une présence puissante, une profondeur intense. Il ne sublime pas, il cherche le sublime.

Au fil des variations autour du corps et du visage de Catherine, ni tout à fait la même ni tout à fait une autre, comme disait Verlaine, c'est aussi le temps que regarde Dominique Gutherz avec un regard plein d'amour, mais aussi plein de questions pour les possibilités de son art, ses limites, ses enjeux, ses charmes, ses chances... On songe à l'ambition démesurée de Cézanne face à sa Sainte-Victoire, au Gréco, à Bacon, à Giacometti pour la distorsion des corps, à Balthus, son ami, pour la sensualité froide.

Ancien directeur de l'école des Beaux-arts de Nîmes, Dominique Gutherz est souvent associé au nu, il y en a finalement assez peu. Il peint le corps d'une femme, il regarde, il donne à voir, ce qui est caché est aussi important que ce qui est montré. Pas de décor, mais un regard frontal, sur la chair, le désir, souvent dans une atmosphère d'attente, un temps parallèle aux tonalités de gris et de rose. En contrepoint des deux séries de sa femme sur un fauteuil aux formes géométriques, l'artiste présente un grand nu, offert dans tout son innocence et sa crudité, quelques aquarelles des villages aux couleurs provençales et une grande toile de jeunesse, un portrait de sa mère et de sa soeur, dans des teintes de brique, un orange qui annonce déjà la découverte de l'Italie et les saisons romaines.

Jusqu'au 31 mars. Mardi au dimanche, 10 h-13 h et 14 h-18 h. Espace Dominique-Bagouet, esplanade Charles-de-Gaulle, Montpellier. Entrée libre. 04 67 63 42 78.

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