Sur la piste... Les vitrines d'art modeste de Bernard Belluc à Sète
Visite des vitrines de Bernard Belluc au Musée international des arts modestes à Sète. Humour et nostalgie...
- Oh, tu te souviens ?
- Y'avait le même chez ma grand_mère !
- J'adorais ça quand j'étais petit...
Impossible de ne pas plonger un peu dans la nostalgie devant les vitrines de Bernard Belluc, au Musée international des arts modestes à Sète. Dans cette petite épicerie pleine d'humour, s'accumulent les bouteilles de Pschitt, les cadeaux Bonux, les figurines en plastique, les petites voitures, les objets publicitaires, tout un tas de joyeuses babioles qui racontent une période, des années 1950 à 1980 à travers ses mythologies quotidiennes, à travers les rapports affectifs entretenus avec l'environnement quotidien. Je vous parle d'un temps que les moins de...
Dans un texte en ligne sur le site du musée, Bernard Belluc présente sa démarche avec une gouaille poétique, une poésie à la Prévert et un jeu mnésique à la Pérec :
« Agrippé à maman, loin de papa le père absent que je ne voyais pas beaucoup, je me souviens et pour longtemps encore de son premier et unique cadeau, un buste de plâtre jaune représentant un bonhomme coiffé d’un drôle de petit chapeau et appelé d’un tout aussi drôle de nom, Popoléon.
« Je me souviens de la fromagerie de Pépé, des roues géantes de gruyère me dépassant d’une tête et de l’odeur sucrée et chaudette de langues de chat et madeleines de la biscuiterie de grand-père Belluc.
« (...) Je me souviens de la paléolithique pâte à modeler, des jeux d’osselets, des aurores blafardes se Je me souviens de la paléolithique pâte à modeler, des jeux d’osselets, des aurores blafardes se réservoir de l’usine à gaz du quartier St François, des vaches rue Louis Figuier aujourd’hui centre ville, du Maréchal Ferrant avenue de Toulouse, du piaro, de l’aiguiseur de couteaux de la Place Carnot. J’ai vu le XIXème siècle. La droguerie du marché du haut, les balais pendus en devanture, tête de mort, mort aux rats, visage de la lune, cirage l’Eclipse et vermifuge ; Peur de la sorcière ! Peur du charbonnier !
« Je me souviens des jeudis pluvieux, allongé sur le carrelage froid de ma chambre, à m’amuser Je me souviens des jeudis pluvieux, allongé sur le carrelage froid de ma chambre, à m’amuser monologues, ma seule occasion de parler couramment.
« (...) Je ne me souviens pas de Mona Lisa ni des Demoiselles d’Avignon, je me souviens des pin-up du magazine Détective, des couvertures de Mademoiselle Age Tendre, du bleu marine des filles de Notre Dame de la Merci, du ciné noir et blanc menthe réglisse, du panier de l’ouvreuse, des Dix Commandements, Spartacus, Maciste, Hercule, du rouge technicolor. »
Mises en scène dans des vitrines qui évoquent les dioramas des vieux muséums d'histoires naturelles, les installations de Belluc défendent aussi un autre regard sur la création. On est loin du minimalisme, des mouvements intellectuels. L'art modeste s'intéresse aux marges, à l'esthétique populaire en partant du principe que tout objet manufacturé, donc pensé par l'homme, illustre une part de la création. Après tout, les musées archéologiques exposent tout un tas de babioles antiques, des lampes, des peignes et des fourchettes qui n'étaient pas destinées à être conservées, encore moins à entrer au musée... Alors pourquoi pas un baril de lessive, un 45-tours, une carafe Ricard, une boîte de Vache-qui-rit ? Bienvenue dans l'archéologie du futur !
Du 1er avril au 30 septembre, tous les jours 9 h 30-19 h. Du 1er octobre au 31 mars, mardi au dimanche, 9 h 30-12 h et 14 h-18 h. Rencontre avec Bernard Belluc chaque premier samedi du mois, à 15 h. Miam, Musée international des arts modestes, 23 quai Maréchal-de-Lattre-de-Tassigny, Sète. 5,60 €, 2,60 €, gratuit - 10 ans. 04 99 04 76 44.