Scènes de crime à Orsay ou l'histoire de l'art comme un polar
Avec "Scènes de crime à Orsay", Christos Markogiannakis présente une série d'enquêtes policières autour des toiles du musée parisien.
Depuis les scènes mythologiques et guerrières des vases grecs, toute l’histoire de l’art est traversée de crimes et d’affaires sanglantes, de vengeances, de parricides et de martyres. A la manière d’un criminologue, Christos Markogiannakis, avocat et auteur de romans policiers, revisite les grands chefs-d’œuvre avec d’étonnantes enquêtes “criminartistiques”. Après une première visite au Louvre, il présente Scènes de crime à Orsay, aux éditions Le Passage.
Avec son décor d’ancienne gare, le musée Orsay est un lieu propice aux histoires sombres. Pour ce livre, soigneusement illustré, l’auteur a sélectionné une trentaine d’œuvres. En quelques pages qui se lisent comme un polar, l’effroi se conjugue avec l’esthétique… Il est question de cannibalisme avec l’Ugolin de Carpeaux dévorant ses enfants, d’adultère avec Alexandre Cabanel, de violences familiales avec La Femme étranglée de Cézanne ou de tueries de masse avec les Danaïdes de Sérusier. Au fil des récits, se découvrent des sévices peu connus, comme le skilefsis, la pire des humiliations pour un grec qui consistait à dépouiller un guerrier vaincu de son armure.
L'auteur s'intéresse peu aux Impressionnistes qui attirent les touristes à Orsay, mais qui montrent assez peu dans leurs toiles les tragédies meurtrières. A travers les académiques du Second Empire, il évoque plutôt de belles mises en scène de grandes tragédies, fourmillant de détails glaçants.
Pour décortiquer ses meurtres picturaux, Christos Markogiannakis fait intervenir les techniques policières ou les connaissances de médecine légale, la recherche ADN, l’étude de la rigidité cadavérique, la psychologie des masses, l'utilisation de la propagande... Il reconstitue le contexte, dresse des parallèles édifiants avec la situation actuelle de la criminalité et des connaissances scientifiques, analyse les contextes et le sort des victimes et traque les coupables avec une plume aussi précise que le scalpel d’un légiste.
Editions Le Passage. 256 pages. 22 €.