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Nîmes : de la photo à la peinture, la réalité onirique de Daniela Montecinos


Daniela Montecinos ouvre un cycle d'expositions sur les relations entre photo et peinture à la galerie NegPos à Nîmes.

Ceci n’est pas une photo… Galerie spécialisée, NegPos prend un virage en accueillant désormais des peintres, mais des peintres qui travaillent à partir ou en relation, dans un dialogue avec la photo. C’est Daniela Montecinos qui ouvre ce cycle, avec des toiles et des dessins issus de différentes séries, toutes inspirées par des images glanées dans les magazines ou prises directement en photo.

Daniela Montecinos n’est pas une artiste réaliste, mais elle part de la réalité, de portions de vérité, de parcelles du monde qu’elle regarde, qu’elle prélève, qu’elle assemble pour recomposer des toiles, raconter de nouvelles histoires, réinterpréter les images, interroger la mémoire, les murmures qui traversent les temps. Un peu comme le cinéaste David Lynch, elle crée un univers onirique où tout est vrai, où tout est connu et reconnu, mais où tout glisse insensiblement vers une situation parallèle qui interroge la réalité.

Parmi les oeuvres rassemblées, une série de toiles s’inspire d’anciennes images de cinéma, souvent délicieusement glamour. « Quand je cherche sur internet ou dans des revues, je prends des images qui m’évoquent quelque chose sans savoir tout de suite ce que cela va donner », explique l’artiste, qui transforme ensuite les images, se les réapproprie. « Les photos en noir et blanc sont recadrées, colorisées à ma façon ». Ainsi se dessine un monde flottant, un univers mouvant, un jeu de piste où les sens s’additionnent, se multiplient… Après un travail aux archives du Gard, elle s’est inspirée de photos prises sur place pour les mélanger avec un portrait masqué de Picasso, faisant le lien entre les lieux labyrinthiques et la figure du minotaure. Plus loin, une photo de Sarah Bernhardt en Pierrot par Nadar prend une tout autre dimension, avec ses froids reflets de bleu satiné, quelque chose de « nostalgique, du blues ».

Quelques motifs reviennent souvent, les valises, les chaussures, les chiens, des allusions à l’errance. Les lieux sont toujours indéfinis dans les toiles de Daniela Montecinos, il échappe à toute géographie stable. « Tout ce qui est fugitif, fugace, qui bouge, qui n’est pas immobile… Je me sens proche de ce mouvement », poursuit l’artiste, qui fait attention à éviter la facilité. Le thème présent dans son travail depuis longtemps rejoint l’actualité des migrants. « Mais il est très difficile d’aborder cette question sans tomber dans le pathos. Je peins des valises, cela symbolise le mouvement, mais aujourd’hui, les migrants partent avec un sac plastique ou avec rien du tout. »

Avec ses dessins, Daniela Montecinos passe des couleurs doucement fanées à des gris tout aussi troublants. Le dessin permet à l’artiste « de s’exprimer dans un délai plus immédiat », il relève du même regard sur le monde. Qu’elle s’approprie les mises en scène cinématographiques du photographe Stan Douglas, d’images d’archive du 11-Septembre au Chili ou d’une actualité plus récente, Daniela Montecinos joue avec les détails et la mémoire qui s’efface, qui redessine le réel, avec des allusions oniriques et autobiographiques, pour peindre encore et toujours la dignité et la beauté de la figure humaine.

Jusqu’au 23 mars. NegPos, 1 cours Nemausus, Nîmes. Entrée libre. 04 66 76 23 96.

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