Les Baux-de-Provence : dans la touche de Van Gogh aux Carrières de lumières
L'exposition immersive annuelle des Carrières de Lumières aux Baux-de-Provence propose de plonger au coeur des tableaux de Van Gogh.
Au plus près de l’art de Vincent Van Gogh… Avec la nouvelle exposition numérique immersive des Carrières de Lumières aux Baux-de-Provence, c’est une véritable plongée au cœur de l’œuvre de Van Gogh que proposent le réalisateur Gianfranco Ianuzzi et les membres de son équipe. Après avoir sélectionné un millier d’images, ils ont cherché à montrer l’élaboration des toiles de l’artiste en plongeant dans son esprit. « On sent qu’il avait la nécessité de transmettre quelque chose à l’humanité. Il y a une véritable frénésie, des gestes violents, des touches rapides et épaisses. Son but n’est pas uniquement de peindre des tableaux, il y a quelque chose d’existentiel », explique Gianfranco Ianuzzi. Grâce aux techniques numériques, les tableaux sont mis en mouvement et les touches de l’artiste viennent éclabousser les 7 000 mètres carrés de parois des carrières pour en montrer toute l’intensité.
L’équipe ne s’est pas inspirée uniquement des toiles de l’artiste, mais aussi des amandiers en fleurs qu’elle retrouve chaque année quand elle vient travailler aux Baux-de-Provence, et bien sûr de la vie et de la correspondance de Van Gogh avec son frère Théo pour retranscrire toute la puissance d’une vie artistique brève et intense. Le fil rouge du spectacle pourrait se résumer par quelques mots du peintre dans une lettre : « Je suis affligé mais toujours heureux ».
La musique est fondamentale dans le charme de l'expérience. La réalisation visuelle a été travaillée en parallèle avec la bande son très variée qui passe de Lully à Nina Simone, de Janis Joplin à Edvard Grieg. Le développement des technologies numériques permet de décortiquer chaque toile, d’imaginer le cheminement de l’artiste pour entrer physiquement dans le tableau. La peinture s’anime sous les yeux des spectateurs, avec des angles de vues démultipliés pour « regarder la matière de l’œuvre », explique Massimiliano Siccardi, coréalisateur. Pour ceux qui ont l'habitude de fréquenter les Carrières, les progrès de la technologie AMIEX® en quelques années sont impressionnants, permettant d'aller désormais au plus près du geste de l'artiste, de suivre son crayon et son pinceau, le trait vif et tonitruant de Picasso l'an dernier, la touche épaisse et violente de Van Gogh cette année. Et d'ailleurs le succès est tel que la firme vient d'ouvrir à Paris l'Atelier des lumières sur le même principe et s'apprête à créer un nouveau lieu dans un ancien bunker sous-marin à Bordeaux.
Le parcours débute par les jaunes solaires du Semeur peint en Provence. Puis un flash-back permet de comprendre comment Van Gogh est arrivé à cette liberté, dans une quête perpétuelle de la couleur et de la lumière. Retour donc vers la Hollande natale, « la pluie, les ciels bas, les couleurs ternes des “Mangeurs de pommes de terre” », détaille Gianfranco Ianuzzi. Puis Van Gogh prend la direction de Paris et l’exposition mélange les photos du vieux Montmartre aux premières toiles françaises de l’artiste, avant l’arrivée à Arles, « le moment où il peint ses tableaux les plus connus ».
« Les couleurs éclatent dans sa tête et dans les tableaux où il ouvre un autre monde », poursuit Massimiliano Siccardi. Face au choc de la Provence, Vincent Van Gogh crée un univers où le jaune des blés, le violet des iris, le rouge de coquelicot explosent. C’est l’une des parties les plus vibrantes de l’exposition, où affleure en permanence une forme de mélancolie… La musique, le rythme du spectacle, les autoportraits qui rythment le parcours, le bleu froid et les corbeaux des dernières toiles peintes à Auvers-sur-Oise donnent à voir un Van Gogh tourmenté, qui montre à la fois une nature universelle mais aussi son âme nue.
Jusqu’au 5 janvier 2019. Carrières de Lumières, route de Maillane, Les Baux-de-Provence. De 11 € à 13 €, gratuit – 7 ans. 04 90 49 20 02.