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Sauve : Geoffrey Badel, la magie et les fantômes à la galerie Larnoline


A Sauve dans le Gard, la galerie Larnoline présente les dessins du jeune artiste Geoffrey Badel.

Geoffrey Badel se définit à la fois comme artiste et comme « chercheur de fantômes ». En a-t-il déjà trouvé ? Pas encore, mais ses dessins et ses œuvres témoignent d’un goût fascinant pour les univers parallèles… Exposé à la galerie Larnoline à Sauve, toujours à l’affût de nouveaux talents du dessin contemporain, Geoffrey Badel a été primé en 2017 au salon Drawing Room à Montpellier où il a reçu la bourse de la jeune création de la Maif .

Parallèlement au dessin, le plasticien, récemment diplômé des Beaux-arts de Montpellier, explore les lieux hantés pour des actions in situ. « Ma pratique du dessin se situe dans l’espace clos, l’atelier et la feuille. J’ai éprouvé la nécessité de créer à l’extérieur et j’ai trouvé cet espace du paranormal. C’est lié à une réflexion ancienne sur l’invisible, le sens. L’univers de la magie, du surnaturel m’ont toujours interpellé, en littérature, au cinéma, dans les croyances populaires ou chez les artistes », poursuit Geoffrey Badel.

Autre expérience marquante dans la vie de l’artiste, une enfance passée avec des grands-parents sourds-muets. « Comme un monde parallèle, qui m’échappe et qui échappe à la raison ».

Dans ses dessins, Geoffrey Badel cultive donc un goût pour le surréalisme, avec un mélange d’images et de mots issus d’un livre trouvé par hasard, Le visible et l’invisible de Maurice Merleau-Ponty. « C’est un philosophe qui me nourrit comme Jacques Derrida. Dans sa phénoménologie, il part d’expériences vécues et les théorise. Il nomme vraiment des choses qui se passent dans l’invisible », explique Geoffrey Badel. De cet exemplaire, trouvé par terre, « comme un signe », l’artiste prélève des phrases qu’il disperse dans ses dessins ou sur les murs de la galerie, bien décidé à l’utiliser « jusqu’à l’épuisement ».

Au fil de ses oeuvres, l’artiste joue avec la multiplication des sens. « Les personnages veulent dire quelque chose, mais le sens est brouillé, on se perd. Je ne veux pas faire passer de message, mais plutôt de communiquer avec l’inconscient. Je ne suis pas dans l’ordre de la raison, les dessins m’échappent. Je fais défiler tout mon imaginaire, des images mentales et je choisis d’arrêter une image pour la retranscrire sur le papier », précise Geoffrey Badel. Le trouble est accentué par les papiers anciens qu’il utilise, des feuilles de l’Institut national des jeunes sourds, la première école de sourds dans le monde, où il a travaillé en tant qu’archiviste. « Je les utilise pour leur passé, la charge symbolique liée à mon passé, mais aussi les qualités esthétiques, le côté jauni, les traces des gens qui les ont utilisés ». Sa volonté est de rendre son travail anachronique, « je n’ai pas envie qu’il appartienne à un temps précis, si ce n’est celui de la mémoire ».

Voici donc des personnages, souvent dans des positions suspendues, qui murmurent, qui flottent, des êtres hybrides au genre troublé, « des corps disproportionnés, manipulés, maltraités », mais figurés d’un trait plein de finesse et de détail… L’artiste dispose aussi quelques objets liés à la magie dans la galerie, une boule de cristal, une baguette…

Dans un dessin intitulé Extase, il colle ces mots de Merleau-Ponty, « ce qu’il faut éclaircir : c’est le bouleversant ». Ailleurs, le regard croise un bâton de sourcier, des doigts qui s’allument comme des bougies pour guider les esprits dans les ténèbres, une main qui danse sur une vidéo, des personnages masqués évoquant le théâtre nô japonais... Tout un monde où le double est l’évidence, où la réalité peut prendre plusieurs facettes. Geoffrey Badel s’intéresse bien sûr aux artistes surréalistes, mais aussi aux images issues du spiritisme, dans lesquelles les premiers photographes faisaient apparaître des esprits, des fantômes et autres ectoplasmes. Mais à l’inverse des univers surréalistes habituels, où affleure toujours une pointe de cruauté, Geoffrey Badel préfère la douceur, une forme de poésie où s’évaporent des bribes de narration, des chemins possibles, peut-être même quelques fantômes…

Jusqu’au 5 mai. Vendredi au lundi, 11 h-13 h et 15 h-18 h. Galerie Larnoline, 2 rue de l’Evêché, Sauve. Entrée libre. 06 22 35 45 93.

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