Nîmes : les couleurs d'André Cervera chez Adoue de Nabias
Le peintre sétois André Cervera présente une série de toiles récentes à la galerie Adoue de Nabias, à Nîmes.
Pour André Cervera, la peinture est intéressante quand elle permet de s’échapper, quand elle échappe autant au peintre qu’au regardeur… À la galerie Adoue de Nabias à Nîmes, le Sétois présente une série de toiles récentes où apparaît tout son vocabulaire plastique.
Forcément, la Figuration libre l’a marqué, « une fratrie plus qu’une filiation », dit-il. Il a baigné, grandi dans cet écosystème esthétique, mais André Cervera s’en est émancipé, notamment grâce aux voyages qui ont nourri son inspiration, en Afrique, en Asie... Dans une série de natures mortes présentées pour la première fois, il présente « des instantanés de mon atelier, avec les objets qui m’entourent, quotidiens ou souvenirs de voyage ». Sur de petits formats carrés, André Cervera joue avec les plans et les couleurs à la façon de Matisse, pour des « autoportraits », peuplés de statues dogons, de soldats ramenés de Bénarès, d’affiches de cinéma ou de tubes de peinture.
Dans cet environnement familier, surgissent de petites créatures, des petits fantômes, des âmes errantes à la fois rigolotes et inquiétantes, comme sorties d'un tableau de Jérôme Bosch. Parmi ses sources d’inspiration, André Cervera sourit en citant « Walt Disney digéré par Tim Burton ». Il aime brouiller les frontières et multiplier les directions. « Je me bats contre un système que je pourrais inventer », dit-il, cherchant en permanence « des subterfuges » pour se renouveler.
Cela passe notamment par « un mélange entre ce qui est fait rapidement et ce qui plus écrit », entre l’instinctif et une façon de pousser chaque tentative jusqu’à l’épuisement. André Cervera aime travailler par série pour creuser une idée, un geste, une thématique. Les dessins, aux tendances érotiques, se rangent dans les œuvres spontanées. André Cervera se sert aussi du hasard. « Je peins, j’enterre et je déterre des toiles, j’utilise l’accident », explique l’artiste. Parfois, c’est « tellement parfait » qu’il n’a pas besoin d’intervenir ou très peu. D’autres fois, il vient « compléter, souligner des détails. C’est comme une archéologie de ma propre histoire ».
Mais il arrive aussi que le temps et la nature aient tout effacé ! C’est un risque à prendre quand on convoque « la pluie, le vent, les insectes, les escargots et les limaces, la présence des éléments », il faut accepter d'accueillir « des surprises » bonnes ou mauvaise. Rien n’est jamais gratuit dans cette méthode et le fond rejoint la forme dans le montre un grand format, Au bout de la rue, autour d’une bande de SDF, où la toile « apparaît usée comme les personnages qui la peuplent », comme les canettes froissées qui traînent autour d’eux.
Jusqu’au 27 avril. Mardi au samedi, 10 h-12 h et 15 h-19 h. Galerie Adoue de Nabias, 3 ter rue de la Violette, Nîmes. Entrée libre. 06 52 69 09 78.