Sur la piste... Avant le street-art, laisser une trace dans la pierre
Avant le street-art et les bombes aérosols, les graffitis sont un moyen d'expression incontournable.
Bien avant que le street-art modifie les paysages urbains, l'homme a trouvé dans les murs un moyen d'expression grâce aux graffitis. Depuis les grottes pariétales, les catacombes paléochrétiennes, l'être humain a gravé la pierre. Prisons, camps, hôpitaux, casernes, internats, tous les lieux de privation de liberté portent les traces symboliques, abstraites, figuratives ou écrites de la main de l'homme. Aliénés, prisonniers, internés, bagnards, opposants politiques, minorités religieuses, militaires, proscrits ou tout simplement touristes, amoureux, maçons, tailleurs de pierre ont laissé leurs noms, leurs espoirs, leurs colères. Ces traces sont riches historiquement, humainement touchantes, parfois mystérieuses, souvent fascinantes comme le montrent notamment les photos surréalistes de Brassaï qui a traqué les graffitis pendant plus de 25 ans...
Forteresse de Saint-Martin-de-Ré, Charentes-Maritimes
La forteresse de Saint-Martin sur l'île de Ré abrite toujours une prison centrale. Construite par Vauban à la fin du XVIIe siècle, elle a servi d'étape pour les bagnes de Cayenne ou de la Nouvelle-Calédonie entre 1873 et 1938.
Pont du Gard, Gard
Chartreuse du Val-de-Bénédiction, Villeneuve-lès-Avignon, Gard
Fondée au XIVe siècle par le pape Innocent VI, la chartreuse couvre deux hectares. Elle abrite aujourd'hui le Centre national des écritures du spectacle. On peut y voir sur les murs les traces laissées par les tailleurs de pierre qui ont participé à la construction de l'édifice.
Château de Tarascon, Bouches-du-Rhône
L'un des plus beaux châteaux médiévaux de France, construit au début du XVe siècle, le château de Tarascon compte de nombreux graffitis laissés par les prisonniers entre le XVIIIe siècle et 1926, notamment une remarquable série de bateaux et de galères gravés par des marins catalans.
Anciennes carrières des Baux-de-Provence, Bouches-du-Rhône
Les anciennes carrières de calcaire blanc du Val d'Enfer aux Baux-de-Provence abritent aujourd'hui les spectacles multimédia des Carrières de Lumières. Le site est également connu grâce à Jean Cocteau qui y a tourné Le testament d'Orphée.
Camp S-21, Phnom Penh, Cambodge
Le musée Tuol Sleng a été aménagé dans l'ancienne prison S-21, l'un des plus centres de torture de la dictature des Khmers rouges à Phnom Penh au Cambodge. A la fin des années 1970, environ 18 000 prisonniers sont passés par les geôles où Douch faisait régner la terreur.
L'abbaye Saint-Roman, Beaucaire, Gard
L'abbaye troglodytique de Saint-Roman à Beaucaire possède un très rare graffiti laissé par des conscrits, de la classe 1890-1891, venus faire la fête sur place avant de rejoindre leurs casernes.
La tour des prisons, Lunel, Hérault
Située dans une partie des anciennes fortifications de Lunel, la tour des prisons remonte au XIIe siècle. Transformée en prison, elle a accueilli des détenus jusqu'en 1917. Récemment restaurée, elle abrite plus de 300 graffitis qui se découvrent dans la pénombre à l'aide d'une lampe électrique. La présence de nombreux symboles religieux montre que ses cachots ont servi pendant les guerres de religions.