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Le Vigan : la vitalité de la peinture de Ralph Altrieth au château d'Assas


Ralph Altrieth présente une série de toiles pleines d'énergie au château d'Assas, au Vigan, dans le Gard.

Même si c’est un peu réducteur, depuis un demi-siècle, il y a toujours eu de la part des avant-gardes françaises une méfiance à l’égard de la peinture et même souvent, des pulsions meurtrières. Une attitude qui n’a jamais existé chez les artistes contemporains outre-Rhin… En gros BMPT et Supports/Surfaces versus Polke, Richter, Kippenberger et Baselitz... La mort du tableau contre la remise en plat permanente...

Ralf Altrieth est allemand, installé à Sauve, aux portes des Cévennes dans le Gard. Même s’il n’entre pas dans le débat, il a baigné dans cette atmosphère, en est conscient. Et par ses peintures, il dialogue à la fois avec une forme d’expressionnisme allemand et des attitudes spontanées et affranchies très américaines. Ses grandes toiles sont exposées en ce moment au Château d’Assas, le centre d’art du Vigan, réunies sous le titre “Le Monde Parfait”. Des mots très ironiques pour peindre un chaos, plein d’énergie et de vitalité, un monde tel qu’il est, tel que le voit l’artiste en tout cas. « Je vois ce titre aussi comme un défi, un mode d'emploi, une croyance, un jeu, une affirmation, une provocation adressée à la réalité présente. Quelque chose de parfait est sans défaut. Mais un défaut constaté est toujours relatif, subjectif, vu sous un certain angle. Il n'existe pas de vérité absolue sur ce qui est un défaut ou pas. Cette théorie est, certes, extrême mais, en poussant plus loin la réflexion, on pourrait dire que, dans l'absolu, un défaut n'en est pas un. Le monde est donc parfait. Ma peinture fonctionne un peu comme ça. J'essaie de cultiver l'art de rester attentif aux hasards et aux erreurs (défauts, ratages, loupés, détails dérangeants...) qui peuvent survenir pendant le processus de travail et qui sont prometteurs », explique l'artiste, dans la publication qui accompagne l'exposition.

« Il n’y a pas de concept, de démarche, mais l’histoire aide à comprendre, à prendre conscience plus tard. Tout ce qui a été peint est dans la mémoire, cela fait partie du vocabulaire », explique Ralf Altrieth, pour qui la peinture est un défi. Il y a deux temps dans son art, d’abord des gestes très spontanés, puis un recul qui permet de déconstruire, de voir ce qui fonctionne. Toujours dans un dialogue entre abstraction et figuration, même si l'artiste récuse les frontières. « Je trouve, dit-il, que toute peinture est, à la base, abstraite, même une pomme dans une nature morte. »

Dans les compositions, subsistent des traces figuratives humaines ou animales qui évoquent parfois Picasso. « On ne peut pas l’éviter, il est partout », s’amuse Ralf Altrieth. Mais aussi souvent des signes à la façon de son compatriote A.R. Penck. « Son oeuvre est extraordinaire, absolument singulière, il est inclassable (...). Il y a un aspect pictural chez Penck qui me fascine beaucoup : il est capable de faire de grandes toiles d'un geste et en une seule couche : il ne met pas de deuxième couche, ni de troisième, etc. Il n'y a pas de qualités de texture et ce n'est jamais gênant, ça fonctionne et c'est peut-être là qu'on retrouve le musicien : ça vibre, ça danse, ça sonne », poursuit l'artiste.

Dans ce grand tohu-bohu, l’espace « doit être ouvert », car dans la « bonne peinture, il y a un travail à faire par celui qui regarde, sinon c’est très ennuyeux ». Dans un jeu de profondeur, de superposition, avec une alternance de formes qui convergent vers l’intérieur ou s’étendent vers l’extérieur, Ralf Altrieth mélange les genres, les images, les styles, les fait s’entrechoquer. « Comme dans la vie où nous ne sommes que des particules ». Dans les toiles libres en grand format, l’œil doit rebondir, s’accrocher, se détacher, il est capté par la couleur, par l’énergie du geste, les cohabitations étranges, les rythmes musicaux du jazz où Ralf Altrieth officie aussi en tant que saxophoniste, adepte de l’improvisation.

Jusqu’au 14 juin. Lundi au vendredi, 10 h 30-12 h et 14 h-17 h. Château d’Assas, 11 rue des Barris, Le Vigan. Entrée libre. 04 99 64 26 62.

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