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Nîmes : Des images longtemps inimaginables d'Audrey Martin au CACN


Une recherche poétique autour du mystérieux par Audrey Martin au Centre d'art contemporain de Nîmes.

Audrey Martin aime « le travail d’enquête », a le « goût de l’indice ». Dans son travail, présenté au Centre d’art contemporain de Nîmes qui franchit une nouvelle étape avec sa première exposition monographique, elle regarde à la fois vers le lointain et vers le détail, souvent en relation avec l’actualité.

À l’extérieur du centre, flotte la bannière All Right Good Night, créée pour La Panacée à Montpellier, reprenant les derniers mots du commandant de bord du MH370, l’avion de la Malaysia Airlines mystérieusement disparu en 2014. Elle redonne « un second souffle à ces mots disparus dans l’actualité à chaud » en faisant flotter cette « phrase prononcée dans les airs », ce fragment de façon légère et aérienne.

L’œuvre est une belle introduction vers l’univers d’Audrey Martin. Des images longtemps inimaginables, le titre de l’exposition vient de la légende d’une photo représentant Donald Trump et Kim Jong-un lors de leur première rencontre. Audrey Martin redonne vie au bouquet, un peu kitsch, posé sur un guéridon pour cette poignée de main historique. Un mois après le vernissage, le bouquet fané est remplacé par celui du deuxième sommet américano-coréen raté.

Si l’objet est bien terrestre, ce détail dans l’image voyage à travers le temps, à regarder autrement… Car même sur terre, la réalité peut prendre plusieurs facettes, comme le montre La Montagne magique, dont le titre est inspiré de Thomas Mann, une sculpture où elle présente le positif et le négatif d’un paysage de montagne, créant des images réelles mais qui n’existent pas. Les images sont d’ailleurs vouées à la disparition, comme le montre une installation où d’un flacon, le liquide s’échappe pour effacer une image, puis remplit le récipient, comme un précipité de la photo disparue.

Dans cet autre regard, le ciel est central. Dans Time Capture, produite pour le Crac à Sète, elle aligne les portions de ciel, photographié au zénith pour capturer l’avancée du temps et évoquer l’éruption du Tambora, sur l’île de Java en Indonésie, en 1815. Un nuage de cendres s’était alors propagé à travers le monde. On retrouve la trace de cet événement naturel dans l’art, dans la littérature gothique, dans la palette de Turner ou dans les poèmes de Byron qu’Audrey Martin, présente plus loin imprimé en noir sur papier noir.

Ce travail, cette recherche trouve une forme d’aboutissement avec Renverser les étoiles, un travail au long cours né d’un pèlerinage sur les traces de Galilée à Florence. Dans un espace obscur, elle mélange les regards sur cette histoire pour recréer un réel fantasmé, un impossible voyage dans le temps et dans l’espace. Elle projette une vue nocturne sur Florence depuis la maison de Galilée où les lumières de la ville créent une nébuleuse étoilée, disperse des images de lunes et d’étoiles extraites de l’histoire de l’art et de l’histoire des sciences, dispose des lentilles pour percevoir l’espace différemment, évoque les codes qui permettaient à Kepler et Galilée de communiquer de façon à tromper la surveillance de l’église. À l’époque de Galilée, l’art et la science étaient intimement liés, notamment autour de la question de la représentation. On comprend alors un peu plus pourquoi le ciel est central dans l’art d’Audrey Martin : c’est sans doute l’endroit où se rencontrent avec le plus de poésie, la science et le rêve, le passé, le présent et le futur.

Jusqu'au 29 juin. Mardi au samedi, 11 h-18 h. Centre d’art contemporain de Nîmes, 25 rue Saint-Rémy, Nîmes. Entrée libre. 09 86 41 60 33.

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