Nîmes : Daniel Andujar et l'image des hommes politiques à Carré d'art
Exposition de Daniel Andujar à Carré d'art, dans le cadre du Grand Arles Express jusqu'au 3 novembre.
Pour le plasticien espagnol Daniel Andujar, l’artiste contemporain doit avoir « une position critique », proposer des outils pour regarder le monde. Dans le cadre du Grand Arles Express, programme hors les murs des Rencontres d’Arles, il expose à la galerie Foster de Carré d’art sa spectaculaire installation "Leaders", qui interroge l’image des hommes politiques à travers le monde. Le plasticien avait déjà présenté l’œuvre au musée Reina Sofia de Madrid, il a également participé à la dernière Documenta avec "A Disasters of War", œuvre centrée sur la représentation des conflits, les idées de nationalité, d’espace public, du pillage des biens culturels, de falsification et de vérité. Cet été, il sera également à l'affiche au musée Cévenol du Vigan, dans le cadre du cycle "Je suis né étranger", initié par Les Abattoirs de Toulouse qui déploient à travers toute l'Occitanie des expositions autour de l'anniversaire de la Retirada.
Avec "Leaders", Daniel Andujar couvre les murs d’affiches détournant l’image des hommes politiques pour des campagnes publicitaires, qu’il s’agisse de marques commerciales ou de campagnes pour des organisations non-gouvernementales. A Madrid, l'oeuvre prenant la forme d'une coupole. A Nîmes, l'installation conserve son aspect immersif pour une plongée au cœur du chaos du monde, du bruit ambiant où les images sont matraquées, les flux s'accumulent sans permettre le temps de l’analyse, jouant avec la vérité, les codes de la communication, l’humour de plus ou moins mauvais goût.
« Pendant des siècles, les artistes étaient utilisés pour créer une iconographie du pouvoir, représenter les rois et les papes », explique l’artiste. Mais nous ne sommes plus à l'époque de Velasquez, ni de Raphaël... Aujourd’hui, les portraits des hommes politiques envahissent les médias, devenant des produits qu’il est possible d’utiliser pour vendre tout et n’importe quoi, la liberté de la presse, des fringues ou une pension pour animaux de compagnie.
Ce qui est frappant dans la collection de Daniel Andujar, c’est l’absence de hiérarchie entre les valeurs, l’oubli de l’histoire, au profit du divertissement, des stéréotypes occidentaux et machistes notamment. Des assassins côtoient des hommes de paix, le passé se mélange au présent. Staline, Hitler, le Dalaï Lama, Mandela... A travers les centaines d’affiches, l’artiste montre aussi la reproduction de clichés, Bush est stupide, Berlusconi un obsédé, Kim Jong-un est un gosse, Che Guevara une fashion victim. Quant aux détournements de l'image d'Angela Merkel, ils sont presque systématiquement sexistes. Tout ce beau monde peut s'embrasser, se faire des blagues, se déguiser, prendre des allures de rock star. Et dans ce brouhaha, « tous sont présentés au même niveau », s’inquiète Daniel Andujar. Chaque personnalité est réduite à une image, une stratégie de manipulation collective.
Jusqu'au 3 novembre. Mardi au dimanche, 10 h-18 h. Galerie Foster, hall de Carré d'art, place de la Maison-Carrée, Nîmes. Entrée libre. 04 66 76 35 70.
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