Nîmes : la ville, l'organisation et le chaos à Negpos
Nouveau cycle d'expositions photo autour de la ville présenté par NegPos à Nîmes.
Que deviennent les villes en s’étendant ? Pour son traditionnel cycle d’expositions autour des questions urbaines, la galerie NegPos à Nîmes réunit des artistes autour de la thématique “Polis, la ville et son organisation”. En fait, c’est plus la désorganisation qui saute aux yeux, jusqu’à la transformation de lieux de vie en environnements abstraits, comme dans les photos de Manuel Benchetrit. Avec sa série "L’Épiderme de la ville", présentée à la Maison des adolescents, il s’intéresse au sol, aux photos de projets masquant les chantiers. Voici un entre-deux entre la volonté et la réalisation finale, une seconde peau montrée dans un noir et blanc charbonneux où la réalité s’échappe.
Le cycle rassemble plusieurs photographes chinois, grâce à une collaboration entre Patrice Loubon de NegPos et le commissaire d’exposition chinois Su Bing. À la galerie NegPos du Nemausus, Xi Wenlei présente “Inside Shanghaï”. Dans des heures principalement nocturnes et des lumières artificielles créant une atmosphère irréelle, l’artiste saisit une ville en mutation, un étrange mélange entre les vieilles bicoques comme des maisons de poupées et les chantiers de la modernité galopante. « Chacun a sa propre ville à l’intérieur de son cœur, étant donné que la ville existe non seulement dans un espace physique, mais aussi dans l’imagination humaine et la réalité virtuelle. La ville incarne l’extension intellectuelle et émotionnelle des êtres humains », explique Xi Wenlei, pour accompagner ses vues de cette ville cosmopolite, qui se veut une vitrine de la Chine et du monde moderne.
Liu Gang, que la galerie avait déjà présenté, est aux antipodes de cette ambition. Il s’intéresse aux mondes périphériques, aux banlieues. Avec "Shanghaï pas à pas", le photographe, urbaniste de formation regarde sa ville avec distance, dans la tradition de la photographie humaniste et en ne s’attardant pas sur tout ce qui relève du folklore asiatique, avec une forme de détachement et de mélancolie devant la disparition de la mémoire des hommes qui s'effondre en même temps que les bâtiments.
En regard, Patrice Loubon présente une projection vidéo, issue d’un séjour à Shanghaï, qui montre plus une curiosité pour les lieux, un étonnement devant les moments de calme de cette mégalopole.
À la bibliothèque universitaire du fort Vauban, sont également présentés plusieurs artistes chinois. Avec "City Of Memory", Ning Zuohong présente une installation réalisée au sol à partir de choses collectées à Nîmes, comme une délicate calligraphie en volume, issue d’une archéologie urbaine de surface. Ses photos prolongent cette idée, avec les images d’une ville réalisée à partir des résidus de sa propre vie, étrange amoncellement de souvenir.
La délicatesse est aussi présente avec "Constructing The City", de Wang Xiaoshuang qui réalise de petits immeubles avec des éléments électriques fondus dans la résine, puis photographiés en gros plans pour des compositions énigmatiques.
Du minuscule au gigantesque, Patrice Loubon présente également une série d’images de gratte-ciel réalisés à Shanghaï, Casablanca, New York, Chicago ou Santiago du Chili, en regard d’impressions 3D et des photos brodés des Chiliens Cynthia Imaña et Marcello Aragones qui questionnent l’intégration et la mixité culturelle.
Mais pas besoin d’aller aussi loin pour s’interroger sur les espaces urbains. Le collectif Regards sur la ville a exploré Nîmes en suivant la même problématique. Et l’Institut de formation aux métiers de l’éducation présente “Au-delà du périphérique”, avec notamment un regard sur la verdure intermédiaire entre la ville et la campagne d’Anne-Marie Suire, les mises en scène picturales et décalées de Romain Bigot ou les installations en objets de récupération réalisées par Kathrina Ludicke pour poétiser les constructions de zones commerciales.
Jusqu'au 19 juillet. Galerie NegPos, Nemausus et plusieurs lieux à Nîmes. Entrée libre. Programme complet sur la site de NegPos.