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Nîmes : Goya, l'art et l'esprit de la corrida au musée des Cultures taurines


Au musée des Cultures taurines à Nîmes, une évocation de l'oeuvre tauromachique de Goya et de son prolongement dans la corrida contemporaine.

La chaise de Morante de la Puebla ? Goyesque ! Les favoris de Juan José Padilla ? Goyesques ! S’il est un artiste par lequel les aficionados entrent en contact avec l’histoire de la tauromachie, c’est bien Francisco de Goya, dont le musée des Cultures taurines de Nîmes évoque à la fois l’œuvre, mais aussi l’esprit qui traverse les siècles pour s’incarner dans la corrida au présent.

Pour le grand peintre espagnol du XVIIIe siècle, la corrida est essentielle. Il la représente en peinture, mais aussi et surtout avec la série de gravures La tauromaquia, trente-trois planches, complétées par sept autres, à la puissance intacte, gravées entre 1808 et 1814. Goya évoque l’histoire et l'évolution de la corrida, depuis les premiers combats des Maures, la noblesse à cheval et l’avènement du toreo moderne quand les matadors descendent de cheval pour combattre à pied. Loin du brillant, il montre toute la rudesse de l’affrontement entre l'homme et la bête, la violence sombre et baroque de la course de taureau, qu’il faut envisager en regard des autres grandes séries de gravures de l’artiste, Les Caprices et surtout Les Désastres de la guerre qui datent de la même époque.

Pour la première fois, l’Académie royale des beaux-arts San Fernando de Madrid a prêté deux plaques de cuivres, gravées de la main de l’artiste, L’habile étudiant de Falces et La malheureuse mort de Pepe Hillo, le matador dont les traités taurins ont nourri l’œuvre et la pensée de Goya.

Jusqu’à la fin de sa vie, Goya s’intéresse à la tauromachie. Quand en 1823, les troupes du duc d'Angoulême prennent Madrid, l'artiste est obligé de s'exiler comme tous les libéraux. Réfugié en France, il grave en 1825, trois ans avant de mourir Les taureaux de Bordeaux, une série de lithographies où il renouvelle son art et son regard sur la corrida.

En regard des œuvres de l'artiste, le musée présente le contexte tauromachique de l’époque, les vêtements de majo, les "punks" de l'époque, qui ont inspiré les costumes des matadors, d’autres œuvres d’art, notamment un grand portrait équestre de Pepe Hillo, par Eugenio Lucas y Velasquez récemment donné au musée par un collectionneur.

Cet esprit se poursuit aujourd’hui avec les corridas goyesques, évoquées dans la deuxième partie de l’exposition. La plus célèbre a lieu depuis la fin des années 1950 dans les arènes de Ronda, grâce à Antonio Ordonez. Les matadors obéissent aux mêmes règles que dans la corrida classique, mais portent un costume évoquant les temps anciens, sans broderies dorées. A Ronda, le public, et particulièrement les femmes portant les mantilles, renouent aussi avec l’esprit de Goya.

En France, c’est à Arles que les goyesques sont organisées depuis 2004, dans un amphithéâtre décoré par des artistes. Le musée réunit plusieurs costumes, mais aussi les projets du couturier Christian Lacroix, des peintres Hervé Di Rosa, Jean-Paul Chambas, Jean-Pierre Formica, Marie Hugo, de l’architecte Rudy Ricciotti ou une maquette de l’Américaine Ena Swansea.

L’héritage tauromachique de Goya est tel qu’il a traversé les frontières, à la fois des géographies et des traditions, notamment pour trouver une place dans la course camarguaise. En effet, Goya est aussi le nom qu’Henri Laurent a donné à l’un de ses cocardiers, taureau star de la bouvine dans les années 1970, Biòu d’or en 1976, évoqué en fin de parcours avec sa tête naturalisée et une série de souvenirs, photos et trophées... « Il était plus beau que les autres, se souvient le manadier, et avait un physique à l’ancienne », comme dans les gravures du maître espagnol.

Jusqu'au 6 octobre. Mardi au dimanche, 10 h-18 h. Visites guidées les mardi à 11 h et les jeudis à 16 h. Musée des Cultures taurines, 6 rue Alexandre-Ducros, Nîmes. 5 €, 3 €. 04 30 06 77 07.

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