Rencontres d'Arles : le chaos du monde par Philippe Chancel
Avec "Datazone" à l'église des Frères Prêcheurs, Philippe Chancel présente l'exposition la plus spectaculaire des 50e Rencontres d'Arles.
Pour cette nouvelle édition des Rencontres d'Arles, parmi la cinquantaine de propositions, l'exposition de la chapelle des Frères Prêcheurs est, une nouvelle fois, celle dont l'accrochage est le plus spectaculaire. Philippe Chancel y présente son projet "Datazone". Depuis une quinzaine, il a parcouru la planète et ses désastres. Pollutions, catastrophes naturelles, villes inhumaines... Photographe à la fois classique dans ses prises de vue et très contemporain dans la façon de rassembler, de tirer et d'accrocher ses images, Philippe Chancel présente un véritable chaos.
L'art de Philippe Chancel tient à la fois par la puissance des images, mais aussi par l'intelligence des tirages et de la présentation qui vient en augmenter, en dilater le sens. Au milieu de la vaste nef, flottent les photos les plus représentatives, un bédouin à dos de chameau au milieu du paradis émirati assoiffé, un bateau échoué au milieu des ruines de Fukushima...
Autour, chaque série présente une étape de cet étrange tour du monde. De Flint, Michigan, la murdertown la plus dangereuse des Etats-Unis au carton-pâte communiste de la Corée du Nord, en passant par l'urbanisme anarchique de Marseille, la foule souriante des bidonvilles de Bombay, les utopies post-staliniennes du Kazakhstan... Philippe Chancel montre la beauté malade de l'époque, tous les dégâts d'une humanité égoïste et dévorante, faite d'ultracapitalisme, de pollution qui noie l'Ogoniland du Nigéria sous la pétrole ou de barrières dressées entre les hommes.
Par son accumulation, la présentation est vertigineuse et absurde. Face à cette histoire en marche, Philippe Chancel invite à se poser pour regarder de face l'ampleur de la catastrophe en cours. En quatorze escales, il se promène au bord de l'apocalypse et tire la sonnette d'alarme. Va-t-on continuer dans la même direction, sombrer ou se relever ?
Jusqu'au 25 août. Tous les jours, 10 h-19 h 30. Eglise des Frères Prêcheurs, rue du Docteur-Fanton, Arles.