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Rencontres d'Arles : le vent de liberté de la Movida


Aux Rencontres d'Arles, quatre regards sur la Movida à travers les photos d'Alberto García-Alix, Ouka Leele, Pablo Pérez-Minguez, Miguel Trillo.

La Movida, c'est une déferlante de liberté qui a enflammé l'Espagne après la mort de Franco. Avec quatre photographes qui ont vécu ces années de couleurs, de rock, de sexe, de drogue, de fêtes, l'exposition des Rencontres d'Arles présentée à l'Archevêché propose de revivre ce début des années 80 de façon euphorisante. Dès la première salle, affiches, pochettes de disques, journaux évoquent l'ambiance avant de dérouler, un peu sagement peut-être, le regard de quatre artistes et témoins.

Devant l'objectif de Pablo Pérez-Mínguez, ont défilé toutes les stars de l'époque, figures déjantées et fantasques, provocatrices et rock'n'roll. On reconnaît immédiatement la figure de Pedro Almodovar ou de l'actrice Rossy de Palma. Grand portraitiste, il immortalise toute la faune des nuits madrilènes. « Mon studio, explique le photographe, était une scène permanente où l'on représentait chaque jour, sans scénario, notre vie même. » Après un demi-siècle de dictature putride et interminable, toute une génération invente une autre Espagne, effervescente et festive, affranchie et underground.

L'exposition se poursuit avec les images d'Ouka Leele, dont la fille aux citrons sert d'affiche à cette 50e édition des Rencontres. La photographe développe un style très singulier avec des photos noir et blanc aquarellées, mélange de modernité déjantée et d'ambiance surannée. La créatrice développe un vocabulaire plastique singulier, plein d'humour et de charme, de fraîcheur et d'imagination. Elle s'empare du quotidien pour le tirer vers des images fantaisistes et insolites.

Miguel Trillo témoigne de l'esprit punk des soirées madrilènes, en s'intéressant notamment au public des concerts rock, immortalisant la scène contre-culturelle de ce début des années 80. L'un des temps forts de l'exposition est la réactivation du projet "Photocopies Madrid-Londres". Loin des présentations muséales, l'artiste profite de l'apparition des premières photocopieuses couleurs pour tirer des images rapidement, simplement scotchées sur des murs couverts d'un film plastique noir, dans un esprit bricolé et spontané.

L'exposition s'achève avec le versant sombre de la Movida à travers les photos d'Alberto García-Alix. Car derrière le mythe, il y a aussi la drogue, le sexe, les overdoses, les seringues, le Sida et parfois, la mort. En noir et blanc, le photographe livre une vision trash de cette convulsion sincère mais aussi opiacée. La série de photos s'intitule "Don't follow me, I'm lost", c'est-à-dire "Ne me suivez pas, je suis perdu". Ce sont les mots du premier tatouage de l'artiste, mais aussi un regard désenchantée sur des années dont on préfère aujourd'hui conserver un souvenir radieux.

Jusqu'au 22 septembre. Tous les jours, 10 h-19 h 30. Palais de l'archevêché, place de la République, Arles.


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