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Nîmes : les tatouages des anciens prisonniers par le docteur Perrier


Dans le cadre des Rencontres d'Arles, le musée du Vieux-Nîmes présente le fonds photographique du docteur Charles Perrier, ancien médecin de la prison du Fort-Vauban.

L’exposition “Tatouages” que présente le musée du Vieux Nîmes est certainement l’une des plus singulières et passionnantes du moment. Présentée dans le cadre de Grand Arles Express, programmation satellite des Rencontres d’Arles, elle permet de découvrir le travail du docteur Charles Perrier, ancien médecin des prisons au Fort-Vauban à la fin du XIXe siècle et au début du XXe.

Dans l’esprit d’Adolphe Bertillon, qui espérait découvrir par l’étude des corps, les caractéristiques physiques annonçant la criminalité, le docteur Perrier va mener de nombreuses enquêtes sur les détenus. En 1900, il publie un gros volume statistique Les Criminels, présenté à l’Exposition universelle de Paris. En 1932, il a donné au musée les archives de ce travail de recherche, longtemps exposées de façon permanente, notamment un incroyable fonds photographique.

Car parallèlement aux études d’anthropométrie, il s’intéresse aux tatouages des prisonniers. Il se lance dans un incroyable inventaire chez les 859 détenus, dont 40 % sont arrivés tatoués à la maison d’arrêt, une pratique alors réservée aux marginaux et aux militaires que le docteur Perrier trouve à demi-mot un peu ridicule. Dans cette entreprise, il va photographier tous les détenus, relevant 2 134 emblèmes pour une publication de 1897. Il demande à un détenu, dont il a repéré les talents de dessinateur, de relever les plus significatifs. La plupart du temps, ils sont patriotiques, politiques et religieux, parfois érotiques ou fantaisistes, évoquant des souvenirs d’Afrique par exemple. La représentation la plus fréquente reste l’allusion à la gent féminine.

L’exposition réunit à la fois les tirages d’époque, dont les visages sont estompés. Pour certains détenus tatoués dans le dos, ces photos offrent aux hommes la première occasion de voir réellement le dessin. Le fonds permet aussi de découvrir les incroyables plaques de verre à partir desquelles les photos ont été tirées. Dans la pénombre, en raison de la fragilité des photos anciennes, se découvre tout un monde disparu et intrigant, à la poésie sombre et tragique, tracé à fleur de peau avec des bouchons et des aiguilles, de l’encre et de la suie.

Parallèlement, le musée dévoile le travail de recherche quotidien du docteur Perrier, les portraits des prisonniers, les photos des lieux de culte du Fort-Vauban qui accueillait une chapelle, un temple et une synagogue et des témoignages de ses recherches au quotidien. Pour son travail, il s’appuie sur le comptable et l’aide comptable de la prison, un travail assez mal vu d'ailleurs par la direction de la prison qui préférerait qu’il se contente de soigner.

Il se fait également aider par des prisonniers pour les planches de ses ouvrages, collecte des dessins réalisés par les prisonniers notamment une troublante évocation du départ des femmes de la prison par le nommé Zidore à travers la représentation de paradis et de l’enfer. Et c’est même grâce au coup de crayons de prisonniers, qu’il apparaît le plus nettement, grâce à un portrait le montrant en moustachu très IIIe République ou dans une souriante caricature.

Prolongé jusqu'au 5 janvier 2020. Mardi au dimanche, 10 h-18 h. Musée du Vieux-Nîmes, place Abbé-Pierre, Nîmes. 5 €, 3 €. 04 66 76 73 70.

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