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Aix-en-Provence : l'op art et l'art cinétique, la révolution en mouvement à la fondation Vas


"La Révolution permanente" présente une série d'oeuvres optiques et cinétiques du centre Pompidou à la fondation Vasarely d'Aix-en-Provence.

Pendant des années, l'op art et l'art cinétique ont été remarquablement absents de la programmation des grands musées. Dans les années 60 et 70, ils incarnaient pourtant une certaine idée du monde moderne au même titre que l'abstraction ou la musique concrète. Le vent tourne et au printemps, le peintre Victor Vasarely était à l'affiche au centre Pompidou, près de 20 ans après sa mort. A l'automne, c'est le Guggenheim de Bilbao qui accueillera une rétrospective de Jésus-Rafael Soto, preuve d'un regain d'intérêt pour cette histoire. Cette redécouverte passe aussi par Aix-en-Provence avec "La Révolution permanente" au centre architectonique de la fondation Vasarely, qui montre comment les questions posées par ces artistes se poursuivent aujourd'hui dans l'art contemporain.

Après son exposition, le centre Pompidou prête une série d'oeuvres au musée provençal, pour remettre en perspective l'op art, qui joue sur les effets d'optique et de perception et l'art cinétique, qui intègre le mouvement dans l'oeuvre.

Les grands contemporains de Vasarely sont présents, notamment Jesus Rafael Soto avec une spectaculaire Extension de 1989, vaste paysage mouvant fait de simples tiges colorées qui prolifèrent pour construire un espace plein d'illusions vibrantes. Tout est immobile et tout bouge en même temps que les corps et les regards de façon fascinante.

A la même époque, Carlos Cruz Diez, récemment disparu, livre avec les lamelles peintes des oeuvres abstraites aux variations chromatiques tremblantes dans Physichromie N° 506. Walter Leblanc, par un jeu de rubans enroulés de ses Torsions Mobilo-Static, crée un tableau dont les lignes se tordent et se dispersent en points en fonction de l'angle de vue. Dans MA 3D, Wojciech Fangor peint un grand flou mouvant, insaisissable sur lequel le regard flotte et ne parvient pas à se fixer.

Le mouvement fait aussi son entrée dans les sculptures de Gregorio Vardanega avec une tour d'alu dont les ampoules colorées jouent avec le son ou avec l'étincelante Chronos 8 de Nicolas Schöffer, dont les miroirs animés créent une pluie d'étoiles filantes quand ils s'animent.

Cette idée de mouvement est ancienne, influencée notamment par l'arrivée du cinéma. Avec sa Diagonal Symphony, Viking Eggeling crée le premier film expérimental abstrait qui décline une forme mécanique évoquant un instrument de musique qui apparaît, disparaît, se compose, se décompose, se recompose par portions soustraites, augmentées, répétées, animées. L'artiste suédois meurt en 1925, deux semaines seulement après la projection de cette oeuvre fondatrice, intégrant la temporalité à la peinture abstraite.

L'exposition montre comment les questions continuent à infuser aujourd'hui dans la création contemporaine et pas seulement dans le design comme on le pense spontanément, notamment avec deux films de Xavier Veilhan. Connu pour ses sculptures à facettes aérodynamiques, jouant avec le mouvement, Xavier Veilhan présente d'abord Film du Japon, succession de saynètes chorégraphiées comme des sculptures animées et surtout Drumball, plein de rebonds et de formes glissantes.

Les troubles optiques sont aussi au coeur de To be continued, grand wall painting de Philippe Decrauzat, vaste travelling autour du motif de la moquette de l'hôtel de Shining de Stanley Kubrick, qui semble fuir dans une sensation impressionnante de vitesse et de glissade, prolongeant l'angoisse au coeur du film.

Jusqu'au 30 octobre.Tous les jours, 10 h-18 h. Fondation Vasarely, centre architectonique, 1 avenue Marcel-Pagnol, Aix-en-Provence. 15 €, 12 €, 5 €, gratuit - 5 ans. 04 42 20 01 09.

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