Sète : la vie en rose mouvementée d'Anne-Lise Coste
Exposition de la jeune artiste Anne-Liste Coste au Crac à Sète.
« Je suis née à Marignane. Ça marque forcément. Comme être née n'importe où. Là le truc bien con c'est que c'est le 0% culturel. Rien qui fasse office de pensée, de questionnement, de curiosité ou d'ouverture », explique Anne-Lise Coste, à l'affiche cet été au Centre régional d'art contemporain de Sète. Face à ce néant, la jeune fille a choisi l'art, qu'elle a découvert grâce à une série de rencontres. Dans le même texte pour le livret de visite, elle détaille un peu ce parcours. « La prof de philo m'éclaire sur les expressions a priori et a posteriori tellement j'étais engluée dans un présent tétanisant qu'est-ce que je fous là, d'un passé c'est de la merde, mon futur il n'y en a pas. La prof de sociologie me dévoile le système et donc le pouvoir de la détermination sociale : tu seras une esclave. La prof d'histoire de l'art m'ouvre, même sans grande passion, à la peinture et aux peintres avant nous et il y en a. Le prof de poésie tente le soyez libre mais ça ne se dit pas comme ça on dirait, quand bien même il nous fait aimer les mots qui partent dans tous les sens créant un son qui nous murmure c'est ouvert. »
Cette liberté, Anne-Lise Coste l'a trouvée grâce aux Beaux-arts et désormais grâce aux expositions où elle dévoile une personnalité tumultueuse. L'exposition du Crac débute avec un grand wall-painting spontané en forme de vague, une grande submersion, une profusion de mots et avec eux, des images, des sons, des sensations, des couleurs, des rythmes, de la colère, des émotions, des envies, des espoirs, de la révolte, de la poésie, de l'imagination. Dans un geste instinctif, comme les premiers hommes qui laissaient la trace de leurs mains sur les murs des grottes, elle clame son envie de vivre et son féminisme à l'aérographe, sur le mur même du centre d'art, de manière brute et énergique.
Cette fougue, on la retrouve dans ses peintures affranchies. Dans une deuxième salle, elle accroche à touche-touche, des toiles libres, mélange d'art brut, de dessins enfantins, de graffiti, de figuration libre et décomplexée, où elle mélange ses révoltes, son identité à des références à l'histoire de l'art, au Picasso des Demoiselles d'Avignon, à Basquiat ou à Mondrian, à la domination masculine ou aux codes esthétiques. Décloisonnant les genres, les registres, les styles, les goûts, elle fait proliférer les images et sa liberté.
Cette curiosité, cette gourmandise peuvent prendre des chemins de traverse. Après deux salles bruyantes et foisonnantes, Anne-Lise Coste termine sa présentation dans une retenue méditative. Récoltant des branches sur le bord de la route, elle les associe à des toiles blanches découpées à la va-vite, juste parcourues par un trait de peinture tracé au doigt, dans un étrange mélange entre le bad-painting et l'arte povera, entre l'impulsif et le délicat.
Jusqu'au 29 septembre. Lundi, mercredi, jeudi, vendredi, 12 h 30-19 h. Samedi, dimanche, 14 h-19 h. Centre régional d'art contemporain Occitanie / Pyrénées-Méditerranée, 26 quai Aspirant-Herber, Sète. Entrée libre.04 67 74 94 37.