Rencontres d'Arles : Helen Levitt, dans les rues de New York
Magnifique exposition de la photographe de rue américaine Helen Levitt dans le cadre des Rencontres d'Arles.
Dans une programmation des Rencontres d'Arles largement féminine, la rétrospective consacrée à Helen Levitt à l'espace Van Gogh s'impose comme un événement incontournable. Avec 130 clichés, l'exposition sous le commissariat de Walter Moser est coproduite avec l'Albertina museum de Vienne où elle était présentée l'hiver dernier. Remarquablement accrochée, avec des verres antireflets parfaits, la présentation dévoile une carrière passionnante, avec des photos souvent montrées au public pour la première fois.
Née en 1913, disparue en 2009, Helen Levitt photographie à partir des années 1930 les rues de quartiers défavorisés de New York, Spanish Harlem et Lower East Side et est repérée dès les années 1940 par Edward Steichen qui lui ouvre les portes du MoMA. Avec un mélange de références au surréalisme et au cinéma muet, elle s'intéresse notamment aux enfants. Même si cela peut sembler très franco-français, voire franchouillard, impossible de ne pas penser à un versant américain de la grande tradition de la photographie humaniste.
Helen Levitt flâne dans les rues à la recherche de la poésie du quotidien. Son propos n'est pas immédiatement de dénoncer les difficultés sociales, même si elles sont omniprésentes dans les images de gamins jouant dans les rues, d'instants décalés pleins d'humour, de graffitis.
Dans ce théâtre, elle montre aussi la multiplicité ethnique et culturelle. Sur les trottoirs, se croisent les Afro-américains du Bronx, les chauffeurs livreurs, les élégantes avec leurs chapeaux, des masques des fêtes d'Halloween. Avec ses photos d'enfants, elle ne cherche pas le côté mignon des publicités, mais le côté bagarreur et débrouillard, les gestes vivants, parfois excentriques et subversifs.
Dans le métro, elle s'intéresse aux visages fatigués ou impatients de ses contemporains. Lors d'un voyage au Mexique, elle montre la violence dépouillée des rues pauvres avec un style évoquant Henri Cartier-Bresson, l'une de ses sources d'inspiration. Dans un film rarement vu, In the street, elle cultive le même regard poétique sur le monde qui l'entoure.
A partir des années 1960, Helen Levitt commence à photographier en couleurs. Les images semblent plus statiques et le regard de l'artiste semble plus caustique. Pionnière en la matière, elle continue à travailler sur les mêmes sujets et les mêmes endroits et adopte cette nouvelle technique en cherchant de nouvelles possibilités, notamment au niveau des contrastes.
Jusqu'au 22 septembre. Tous les jours, 10 h-19 h 30. Espace Van Gogh, place Félix-Rey, Arles.