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Avignon : Basquiat, Picasso, Matisse, Twombly, le grand mix amoureux à la Collection Lambert


La Collection Lambert à Avignon présente les oeuvres de Basquiat en regard de celles de Picasso, Matisse et Cy Twombly.

La rage, la fougue, la fureur de la peinture de Jean-Michel Basquiat peuvent faire penser à l’art spontané d’un autodidacte. Or de Léonard de Vinci à Andy Warhol, le peintre s’est nourri de l’histoire de l’art découverte dès l’enfance au Brooklyn museum, des références mélangées à son époque, au jazz, au hip-hop, au graffiti à la boxe, à la pop culture ou aux revendications politiques des minorités noires. C’est ce qui fait la richesse et la puissance de son œuvre.

La Collection Lambert à Avignon propose de tisser trois dialogues amoureux, de montrer trois grands remixes avec Picasso, Matisse et Cy Twombly, invitant à un nouveau regard plus intime sur l’œuvre de Basquiat, souvent présentée de façon spectaculaire. Yvon Lambert, qui a été son galeriste parisien, tenait à un hommage qui ne se contente pas d’aligner les chefs-d’œuvre mais à remettre Basquiat en perspective pour montrer à la fois son importance, entre singularité et filiations électives.

Jeux avec le trait enfantin, clins d’œil à la mythologie, omniprésence de l’écriture et plus largement du signe… Avec Cy Twombly, les correspondances sont évidentes, même si l’aîné est nettement plus apaisé avec une peinture à la recherche d’une poésie méditative, ce qui n’interdit pas des références sensuelles à la chair…

Avec Picasso, même si cela n’est pas évoqué, il y a une comparaison évidente, c’est l’hyperactivité, l’hyperproductivité. En moins de 10 ans de carrière, Basquiat a laissé 1 000 peintures et 3 000 dessins ! Pour Picasso, impossible de savoir réellement. Mais au-delà, les liaisons sont aussi esthétiques... Face à l’inquiétant Asbestos, avec son crâne couronné, des dessins montrent l’art de Picasso pour déconstruire les formes d’un trait coloré et géométrique. Le mot Asbestos (Amiante) revient aussi sur une portion de mur de l'atelier de Basquiat, griffonné entre deux toiles. Plus loin, une vache de Picasso voisine avec un âne peint par Basquiat, une toile sous-titrée par le mot “ass” qui en anglais désigne aussi l’équidé, mais pas que…

Mais surtout, l’exposition présente un étourdissant hommage à Picasso, plein de références à la tauromachie, une planche foisonnante de détails et de clins d’œil à ce maître qui, à 14 ans, savait déjà dessiner comme Raphaël.

Comme Picasso, Basquiat s'intéresse aussi beaucoup à l'anatomie, souvent de façon cruelle. L'Espagnol aimait torturer les corps, Basquiat les écorche avec des planches anatomiques ou des portions, comme des pièces de boucherie. Enfant, alors qu'il était hospitalisé pour un accident, il avait reçu en cadeau le Grey's anatomy, livre de référence en matière d'anatomie avant d'être une série télévisée.

Avec Matisse, la conversation pouvait sembler plus timide. C’est la bonne surprise, la révélation même de l’exposition. Bien sûr, il y a des couleurs fauves chez Basquiat.

Mais l’Américain a aussi regardé attentivement l’art du peintre français, observant l’assurance de son trait. Face à une feuille de palmier tracée sur une planche, l’exposition présente une œuvre sur bois de Basquiat. Surtout, comme pour Picasso, un dessin rend un hommage direct à son prédécesseur, un poisson rouge dans un bocal, la cathédrale Notre-Dame, un masque en référence à l’art africain et comme pour souligner sa déclaration d’amour, trois fois le nom de Matisse.

Le masque africain a son importance dans cette relation. On sait l’importance de la découverte des arts premiers dans la naissance de l’art moderne, pour Picasso, comme pour Matisse. Pour Basquiat, curieusement, ce n’était pas une référence immédiate et c’est par le détour de ces aînés que Basquiat a retrouvé la piste primitiviste, jusqu’à devenir un chaman contemporain.

Jusqu’au 29 septembre. Mardi au dimanche, 11 h-18 h. Collection Lambert, 5 rue Violette, Avignon. 10 €, 8 €. 04 90 16 56 20.

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