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Aix-en-Provence : les dessins de Basquiat au château La Coste


Près d'Aix-en-Provence, au Puy-Sainte-Réparade, le château La Coste présente 130 dessins de Jean-Michel Basquiat, grâce au galeriste Enrico Navarra.

Il est des oeuvres dont l'ampleur, la profondeur et la richesse semblent insondables... Ainsi celle de Jean-Michel Basquiat, à l'affiche au château La Coste, au Puy-Sainte-Réparade, près d'Aix-en-Provence avec 130 dessins prêtés par le galeriste Enrico Navarra.

Voici une exposition tout simplement exceptionnelle. Les superlatifs manquent devant cette présentation bouleversante, permettant de découvrir et de redécouvrir des oeuvres rarement vues, parfois presque inconnues, comme les premiers dessins que l'artiste réalise à peine sorti de l'adolescence, à 17 ou 18 ans. Inspirés par les comics américains, ils montrent l'importance de la pop culture américaine dans l'esthétique de l'artiste, mais aussi une éducation du regard qui passe par la bande dessinée, son immédiateté, le lien entre le texte et l'image.

Le premier mur consacré aux oeuvres de jeunesse présente notamment les fameuses cartes postales que le jeune New-Yorkais vendait à la sauvette, oeuvres mythiques qui lui permirent de croiser pour la première fois son mentor Andy Warhol.

Rapidement, dans cette oeuvre fulgurante, Jean-Michel Basquiat trouve et affirme son style. Dès 1983, il colle le portrait d'un enfant noir couronné, sur un papier kraft griffonné de mots issus du quotidien. Et déjà toute la fulgurance de Basquiat est là.

La présentation limpide suit un fil chronologique, avec un accrochage à touche-touche à la fois spectaculaire par l'ampleur et relevant de l'intime, en rappelant les intérieurs et en forçant le regard à s'approcher, à se perdre dans les détails, dans les méandres d'une oeuvre foisonnante, une pensée active, radioactive, sans cesse en mouvement.

Au fil des dessins, apparaissent les références de Basquiat, son univers, son monde intérieur, son époque. Il y a les mots qui reviennent Aaron, Asbestos, les symboles, le crâne, la couronne, les os, les balances, le bestiaire, les clins d'oeil aux grandes figures de l'histoire de l'art, de Duchamp à Rauschenberg, des allusions à l'histoire américaine, aux luttes des noirs, à l'assassinat de JFK. Derrière la fraîcheur, l'art de Jean-Michel Basquiat se situe dans un dialogue intense avec les grands créateurs observés, décortiqués, détournés, dans un mélange d'amour et d'ironie, d'admiration et d'humour, de respect et de provocation.

Il y a parfois juste quelques mots, parfois des collages, des dessins simplement tracés au noir ou plus soignés, plus riches en couleurs, des feuilles juste esquissées ou savamment développées. La force du trait de Basquiat passe par des juxtapositions, des entrelacs, des accidents, le cut-up, le jeu entre le vif et le précieux, le spontané et le complexe, la poésie, les mots scandés, répétés, psalmodiés.

L'accrochage chronologique se termine par de grands dessins réalisés par Jean-Michel Basquiat peu avant sa mort, des oeuvres de plus en plus denses, composées comme ses tableaux à l'étrange raffinement, dans un étrange équilibre entre le vide et le plein, le bruit et le silence, l'appétit, la soif, la rage, la ferveur. Et trente ans après sa disparition, la déflagration est intacte...

Jusqu'au 13 octobre. Tous les jours, 10 h-19 h. Château La Coste, 2750 route de la Cride, Le Puy-Sainte-Réparade. 15 €, 12 €. 04 42 61 92 92.

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