top of page

Aix-en-Provence : la beauté méditative de Fabienne Verdier au musée Granet


Une éblouissante rétrospective de l'artiste Fabienne Verdier au musée Granet d'Aix-en-Provence.

Que c'est beau ! Oui, bien sûr, c'est un peu court. Et en même temps, c'est tellement vrai... Mais que c'est beau ! Il suffit de murmurer ces mots dans une salle de l'exposition de Fabienne Verdier au musée Granet d'Aix-en-Provence, pour constater les regards complices des visiteurs.

Fabienne Verdier a été longuement formée à l'art de la calligraphie en Chine, à la beauté et à la précision du geste, à cet art qui relève autant du rituel que de la création. Elle en a tiré un livre, Passagère du silence, édité chez Albin Michel. De cette expérience et ce lent apprentissage, elle a développé une pratique personnelle, conservant une idée du signe pour une peinture en dialogue permanent avec l'histoire occidentale. La rétrospective qui lui est consacrée est magistrale, une invitation à se plonger dans un art abstrait et méditatif, à la suivre dans un cheminement où elle crée ses propres outils pour inventer un langage singulier et d'une richesse inouïe. En six étapes, l'exposition montre le parcours de Fabienne Verdier jusqu'à un récent séjour sur les terres de Cézanne, face à la Sainte-Victoire.

Sur des fonds précieux comme des laques asiatiques, demandant parfois plusieurs semaines de travail, elle déconstruit l'idéogramme pour un geste spontané et instinctif. Dans les premiers grands tableaux, nés au retour d'Asie, la ligne de Fabienne Verdier évoque le paysage, l'horizon. Avec une abondante masse de peinture, elle compose des polyptyques pleins d'énergie où son trait sombre et chorégraphié jaillit des fascinants monochromes.

Peu à peu, cette technique lui permet de prendre différentes directions. Ainsi au tournant des années 2010, elle entame un dialogue fécond et stimulant avec les maîtres flamands. A partir de ces oeuvres mystiques et pleines de précision, elle se lance avec liberté dans une évocation des formes, des mouvements, des couleurs, des équilibres observés dans le tableau de Hans Memling, Jan van Eyck, Rogier van der Weyden... Comme touchée par la grâce, Fabienne Verdier transforme un geste fluide et rapide, mais nécessitant une grande concentration, en instant d'éternité.

Chorégraphique, sa peinture relève aussi de la musique. A partir de 2014, Fabienne Verdier travaille à la Julliard School de New York, accompagnée de musiciens. Son travail est filmé, donnant naissance à des toiles et à des films, des "capsules picturales" où s'entrecroisent deux harmonies. Toujours à l'affût, toujours en quête d'expériences et de rencontres, elle voyage ensuite en bateau, aménageant un atelier nomade qui se promène dans les fjords de Norvège. Elle s'intéresse également au vide, aux recherches de l'astrophysicien Trinh Xuan Thuan, épure son travail, s'oriente vers le blanc...

L'exposition s'achève en majesté avec les toiles nées récemment en Provence. Face à la Sainte-Victoire, peinte par Cézanne, Fabienne Verdier s'imprègne du paysage, elle marche, elle sent le vent, le pluie et le soleil, s'interroge sur la place de l'homme face au paysage. Ainsi est née une série de toiles éblouissantes, où se dessine la silhouette aride de la montagne, sa géométrie ascensionnelle, son énergie tellurique.

Prolongée jusqu'au 5 janvier 2020. Mardi au dimanche, 10 h-19 h. Musée Granet, place Saint-Jean-de-Malte, Aix-en-Provence. 8 €, 6 €, gratuit - 18 ans. 04 42 52 88 32.

 FOLLOW THE ARTIFACT: 
  • Facebook B&W
  • Twitter B&W
  • Instagram B&W
 RECENT POSTS: 
bottom of page