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Nîmes : les derniers oiseaux de Pierre-André Benoit


A Nîmes, la galerie Adoue de Nabias expose 34 gouaches de l’artiste alésien Pierre-André Benoit.

Bienvenue dans « une capsule temporelle ». Au début de l’année 1982, l’éditeur cévenol, peintre et poète Pierre-André Benoit organisait une exposition chez lui, dans son château de Rivières, près d'Alès. Six personnes étaient invitées, parmi lesquelles Jean Dubuffet, dix visiteurs avaient vu les œuvres. Ensuite, il avait tout rangé dans une enveloppe, les gouaches, le poème écrit pour l’occasion, le carton d’invitation. C’est cet ensemble à l’abri des regards depuis près de 40 ans qui refait surface, redécouvert récemment par son petit-cousin Jean-Paul Martin et exposé en ce moment à la galerie Adoue de Nabias, à Nîmes.

Ses amis s’amusaient un peu de le voir sans cesse peindre et repeindre des oiseaux. Ironiquement, Pierre-André Benoit intitule sa présentation “Des oiseaux encore…” et l’intransigeant ne présentera plus jamais de sa vie une œuvre figurant un oiseau jusqu’à sa mort en 1993.

Pierre-André Benoit est un personnage hors norme. Editeur de livres d'art, il a travaillé avec les plus grands, Picasso, Braque, Picabia, Miro ou Jean Hugo, se distinguant par son art de la miniature. Parallèlement, de façon plus discrète, il construit une oeuvre discrète de poète et de peintre délicat, notamment avec des petites gouaches remarquables et une collection, présentée en partie au musée qui porte son nom à Alès.

Avec une gouache très liquide, maniée de façon virtuose, Pierre-André Benoit livre trente-quatre petites peintures délicates, très légères, aériennes. Quelques-unes se distinguent par un dessin plus géométrique. Pour l’artiste solitaire, l’oiseau est un archétype qui le fascine depuis l’âge de 8 ans, depuis qu’il a vu lors d’une fête foraine une volière remplie d’oiseaux exotiques. C’est aussi un symbole de liberté pour ce grand sédentaire, une façon parfois de dialoguer avec Braque dont il possédait deux toiles figurant des oiseaux, l’une d’elles est conservée au musée d’Alès. Avec très peu de couleurs, des gris, des marrons clairs, des beiges mordorés, il trace un contour et fait voler ses oiseaux à l’intérieur, comme les prêtres romains qui dessinaient un carré dans le ciel et lisaient les augures en observant les volatiles. Cette fenêtre, souvent ovale, a aussi une puissance plastique, elle lui permet de s'interroger sur la peinture, sur son art, de converser avec ses contemporains : pour le précis et précieux Pierre-André Benoit, qui savait toujours avec délicatesse ce qu’il cherchait et ce qu’il voulait montrer, cela permet de concentrer le regard sur la figure, sur ce double poétique avec lequel il a dialogué sans cesse.

Jusqu’au 5 octobre. Du mardi au samedi, 10 h-12 h et 15 h-19 h. Galerie Adoue de Nabias, 3 ter rue de la Violette, Nîmes. Entrée libre. 06 52 69 09 78.

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