Sauve : l'arc-en-ciel à l'envers de Yoann Estevenin
La galerie Vachet-Delmas à Sauve dans le Gard, présente une série de dessins colorés de Yoann Estevenin.
À quoi pourrait bien ressembler “Un arc-en-ciel à l’envers” ? L’idée semble aussi magnifique qu’inquiétante, sans doute d’une beauté effrayante, annonçant un drame à venir… Le prélude au bouquet final… C’est le titre que Yoann Estevenin a donné à son exposition à la galerie Vachet-Delmas, à Sauve dans le Gard.
Récemment diplômé de l’école des Beaux-arts de Paris, lauréat de plusieurs prix pour ses dessins notamment le prix des Amis des Beaux-arts, l’artiste aime la couleur, les palettes explosives, un joyeux désordre invitant de glisser avec poésie d’une image à l’autre. Il manie le pastel avec un plaisir virtuose, dans une permanente « alternance entre vitesse et nuances ».
Yoann Estevenin part du papier, une matière première précieuse qu'il sélectionne avec soin. Il aime les feuilles venues d’ailleurs, notamment d'Asie, chacune avec leurs possibilités, leurs exigences, leurs contraintes. Puis vient le dessin, souvent à partir d’images collectées de-ci de-là, et la montée des couleurs, un travail dans le temps pour qu’elles se superposent, se confondent, s’exaltent ou s’estompent. Dans une véritable jouissance fauve de la couleur, l’artiste donne vie à des œuvres où le bizarre cohabite avec le chamarré, l’étrange avec le séduisant.
Yoann Estevenin aime l’univers du spectacle. « Depuis l’enfance, je suis fasciné par des personnages comme David Bowie ou Klaus Nomi, des bêtes de scène. Cela m’inspire, les vieilles pochettes de vinyles, mais aussi les rites, les tenues chamaniques ou les masques découverts » autour du monde. De ses voyages familiaux en Italie, il a aussi retenu le faste baroque des églises de Rome, le cérémonial, les broderies dorées des tenues ecclésiastiques… « Il y a souvent un mélange, un corps d’athlète auquel on ajoute une auréole ou des ailes et cela change le sens », s’amuse Yoann Estevenin qui aime travestir, habiller, costumer ses figures pour leur donner une existence qui parfois s’échappe, le surprend lui-même.
Quelques éléments reviennent régulièrement, les étoiles permettant de d’attirer le regard vers un espace intime, les flammes insaisissables, les coiffes étranges…
Dans les grands formats, il juxtapose les images, comme des collages, comme les touches d’une œuvre abstraite. À partir d’un élément, parfois insignifiant, il ajoute, développe, corrige, précise, compose entre désordre et équilibre. Dans Delirium, les figures religieuses, des personnages évoquant le cirque ou sortis d’endroits patibulaires cohabitent avec des éléments venus des arts premiers ou de l’architecture. L’œil circule, passe d’un détail à l’autre, revisitant sans cesse ce qu’il vient de percevoir, toujours dans une grande richesse chromatique. « Je ne cherche pas à construire un récit, mais à laisser le champ libre à l’imaginaire. Je ne veux pas raconter une histoire, mais créer une atmosphère », invitant ainsi le visiteur à pénétrer dans un chaos tourbillonnant où les créatures pensées par Yoann Estevenin semblent égarées mais prêtes à prendre le premier curieux par la main pour l’emmener valser au bord du gouffre…
Jusqu’au 3 novembre. Jeudi au samedi et lundi, 11 h-13 h et 15 h-18 h. Galerie Vachet-Delmas, 2 rue de l’Evêché, Sauve. Entrée libre. 04 66 80 53 03.