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D'une guerre à l'autre, des destins à travers l'histoire italienne


Jean-Pierre Cabanes publie "Rhapsodie italienne" chez Albin Michel, une vaste fresque à travers l'histoire de l'Italie de la Première Guerre mondiale à la chute du fascisme.

Jean-Pierre Cabanes, écrivain et avocat nîmois, le reconnaît, il y a une forme de folie à se lancer dans l’écriture d’une fresque comme cette Rhapsodie italienne qu’il publie chez Albin Michel. « C’est un peu une entreprise titanesque », sourit l’auteur, après trois années d’écriture, mais surtout des années de lectures, de recherches et de passion. Dans ce vaste roman historique, débutant avec la Première Guerre mondiale et s’achevant avec la chute du fascisme, Jean-Pierre Cabanes, amoureux de la culture italienne, raconte trois décennies fondamentales de l’histoire italienne.

Il connaît très bien ce pays qu'il fréquente depuis toujours et particulièrement cette période. « Tous les détails des scènes historiques sont vrais, explique ce bourreau de travail. L’histoire du fascisme est totalement passionnante, shakespearienne. Il y a des retournements d’alliance, des haines, des amitiés, de l’amour, des vengeances… L’histoire de Ciano, le gendre fusillé de Mussolini, est totalement extraordinaire. Puis il y a la République de Salo, totalement fantoche. »

L’écrivain maîtrise tellement les détails de l’Histoire, qu’il n’a aucun mal à glisser ses personnages dans tous les interstices possibles pour un livre plein de souffle, un récit dense, foisonnant, palpitant, érudit, jouant de façon troublante avec la réalité pour tisser plusieurs destins personnels. Lorenzo, inspiré par plusieurs proches de Mussolini, est un jeune officier de Vérone qui participe en héros à la Première Guerre mondiale. À son retour, il se retrouve « dans une situation où plus personne ne veut entendre parler de ceux qui ont fait la guerre. C’est comme ça que débute le fascisme », au départ sous la forme d’un groupe d’anciens combattants. Au front contre les Autrichiens, il rencontre Nino, un jeune Sicilien obligé de s’engager après un crime d’honneur. Comme tous les terroni, les paysans du Sud, il vient d'un autre monde, il ignore ce qui l’attend, ne comprend rien à cette guerre… « Les Siciliens n’avaient rien à voir avec tout ça. Ils sont sidérés quand ils découvrent les canons, les énormes obus, ils n’avaient jamais imaginé que cela existait ». Surtout, ils font face à la terrible discipline militaire et aux cruelles décimations à la romaine.

Après guerre, Lorenzo s’engage aux côtés des fascistes, plus par fidélité à Mussolini qu’il a rencontré dans les tranchées que par conviction. Il le suivra jusqu’au bout, sans illusion, même quand il comprend qu'il n'y a plus d'espoir. Nino est donné pour mort. Son nom est inscrit sur le monument aux morts de son village, mais toujours vivant, il rejoint les rangs de la mafia. Entre les deux, il y a une femme, Carmela, femme romanesque au charme méridional qui va traverser l’Histoire avec toute sa passion et une intelligence supérieure. Les guerres s’enchaînent avec absurdité en Éthiopie, en Espagne, en Russie…

Comme dans toutes les grandes fresques, il est question d'amour, de famille, de fidélité, de passion, d'honneur. Il est aussi question de littérature, d'amour de la littérature. Et si Jean-Pierre Cabanes cite en annexe une abondante bibliographie historique, on devine aussi qu'il a lu les grands romans de Curzio Malaparte ou d'Elsa Morante.

Au fil des événements, Jean-Pierre Cabanes montre toute la complexité de l’Histoire, les familles qui se divisent, les fascistes qui se méfient de l’Allemagne, les maîtresses qui dirigent en coulisse notamment la fameuse Margherita Sarfatti, les relations diplomatiques complexes, la lutte acharnée et perdue d'avance contre la mafia. « C’est ce qu’ils ont fait de mieux, les fascistes avaient presque réussi à éradiquer la mafia en Sicile. Là où il y a eu un problème, c’est quand il a fallu s’attaquer aux représentants du parti qui étaient liés à la mafia », explique Jean-Pierre Cabanes. Ensuite, les chefs mafieux participeront à la libération de l’Italie aux côtés des alliés. On connaît la suite… Comme il est dit dans Le Guépard, le fameux livre de Tomasi de Lampedusa adapté au cinéma par Visconti, « il faut que tout change, pour que rien ne change… »

"Rhapsodie italienne", de Jean-Pierre Cabanes. Editions Albin Michel, 736 pages. 22,90 €.


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