Aix-en-Provence : les îles singulières de Jean-Michel Othoniel au château La Coste
Jean-Michel Othoniel présente "Îles singulières", une spectaculaire installation spécialement conçue pour le château La Coste, au Puy-Sainte-Réparade, près d'Aix-en-Provence.
Et si face au désastre, l'art pouvait réenchanter le monde... Jean-Michel Othoniel n'a pas peur de la beauté, longtemps considérée comme un peu louche dans l'univers de la création contemporaine. Au contraire, dans ce monde morose, pour l'artiste, proposer de l'émerveillement est un acte politique. C'est ce qu'il fait magnifiquement avec son exposition "Îles singulières" au château La Coste, au Puy-Sainte-Réparade, près d'Aix-en-Provence.
Dans le pavillon créé par l'architecte Renzo Piano, l'artiste a créé une vaste installation de briques bleues, un motif qu'il utilise depuis un voyage en Inde. Sur le bord des routes, il a découvert les briques qu'entassent les gens peu à peu avant d'en avoir assez pour construire une maison. Emu par ces espoirs accumulés et empilés, il a demandé aux verriers de souffler des briques. Cela avait donné naissance à la fameuse Grande Vague montrée en 2017 au Crac à Sète, puis l'année suivante au musée de Saint-Etienne, ville dont il est originaire. Ainsi après la perle, son vocabulaire plastique s'est augmenté, épousant une volonté monumentale.
Au château La Coste, il s'insère dans l'architecture de Renzo Piano, avec un travail de dialogue subtil qui relève presque du land art. Jean-Michel Othoniel présente d'abord un long flux qui épouse le long mur plongeant dans cette salle presque souterraine, s'écoulant vers l'intérieur, accompagnant poétiquement les pas des visiteurs.
Puis au milieu de la pièce baignée de lumière, il sculpte une forme abstraite, comme taillée par les vents ou les mouvements marins. En équilibre sur des briques d'un bleu intense évoquant la Méditerranée, l'oeuvre est littéralement éblouissante. Le nom de l'oeuvre évoque Sète, l'île singulière où Jean-Michel Othoniel vit une partie de l'année. Mais l'artiste a pris soin d'utiliser un pluriel pour élargir son propos, présenter une construction à la fois utopique et merveilleuse.
A l'extrémité du bâtiment, de l'autre côté d'un bassin, il dessine comme un simple filet d'eau avec quelques briques à la sensualité éclatante, dans un geste à la fois modeste et discret, invitant le regard à prolonger l'oeuvre vers le paysage, vers un ailleurs apaisé et magique.
Jusqu'au 3 novembre. Tous les jours, 10 h-19 h. Château La Coste, 2750 route de la Cride, Le Puy-Sainte-Réparade. 15 €, 12 €. 04 42 61 92 92.