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Alès : Jean Arp, un jour, des années, une vie au musée PAB

Le musée PAB à Alès continue à explorer les relations entre l'artiste cévenol Pierre-André Benoit et les grands artistes du XXe siècle avec une exposition remarquable consacrée à Jean Arp.

“Un jour. Des années. Une vie”. Le titre de l’exposition consacrée à Jean Arp au musée Pierre-André-Benoit à Alès ressemble à ces vers que l’artiste et éditeur alésien aimait imprimer sur ces formats minuscules qui continuent d’enchanter les bibliophiles. Avec un accrochage passionnant, à la fois poétique et très didactique, l’exposition qui lui est consacrée traverse l’œuvre de l’artiste né à Strasbourg en 1886, d’un père allemand et d’une mère alsacienne. Cette généalogie est importante quand éclate la Première Guerre mondiale. Dramatique, tragique, même. Impossible pour lui de rejoindre l'un des deux camps et d’accompagner le suicide européen. Jean Arp s’exile en Suisse. Au Cabaret Voltaire à Zurich, il participe à la création du mouvement Dada.

Les premiers dessins abstraits, à l’encre de Chine, plongent dans une réalité parallèle, le monde intérieur de l’artiste, avec notamment une vision très personnelle de la nature inspirée par les rives du lac Majeur et sa végétation. Dès le départ, se met en place un vocabulaire graphique qui va l’accompagner jusqu’à la fin, notamment cette forme d’ovale mouvant évoquant à la fois le nombril humain, la cellule qui va donner naissance au souffle de vie, au soleil, aux planètes... En 1916, il dessine un portrait de son ami Tristan Tzara. Refusant le génie, préférant le collectif à l’identité, il demande à un artisan de tailler et de peindre les pièces en bois assemblées ensuite. Le relief est l’un des chefs-d’œuvre de l’exposition. Il fait face à un portfolio surréaliste, où il décline son ovale. Pour les amateurs de surréalisme, cette première salle est un ravissement, un pur enchantement. Mais ce n’est qu’un prélude...




L’exposition s’articule autour d’une série de gestes, illustrés chaque fois par une collaboration entre Jean Arp et Pierre-André Benoit. Le déchirement donne lieu au livre Adieu ne plaise, autour de l’oraison funèbre pour Francis Picabia, par André Breton. Pour illustrer le texte, Jean Arp déchire une photo prise dans l’atelier de l’artiste, avec sa dernière œuvre. Dans les années 30, bouleversé en découvrant ses œuvres de la période Dada abîmées par le temps, il rebondit, déchire, colle, donne une nouvelle existence à son travail pour recomposer des Poèmes sans nom. Le déchirement, c’est aussi la perte des êtres chers, la conscience de la mort, la disparition de sa femme Sophie Taueber-Arp en 1943, dont il ne se remettra jamais véritablement. Avec cette même technique, il lui redonne vie, lui rend hommage.



Les sculptures de Jean Arp sont certainement la partie la plus connue de son œuvre. Dès les années 30, il commence à travailler le plâtre, qu’il modèle pour donner naissance à des formes lisses, douces, voluptueuses, cosmiques, comme créées naturellement par l’érosion, le vent, le temps qui passe. « Il me semble que je ne fais que déplacer mes mains », dit-il, voyant dans le plâtre un moyen de « faire pousser les formes ». Ainsi naissent une Pierre païenne, un Cerveau de rocher, une Sculpture à être perdu dans la forêt ou un Homme vu par une fleur. Certains petits formats en bronze et sans socle étaient destinés à être dispersés dans son jardin...




En 1940, Jean et Sophie quittent Paris avant l’arrivée des Allemands et partent chez Alberto Magnelli à Grasse, bientôt rejoints par Sonia Delaunay. Renouant avec l’esprit Dada de la précédente catastrophe, comme un pied de nez à la noirceur de l'époque, ils travaillent ensemble, créent des œuvres collectives à deux, trois, quatre mains...





Mais le drame arrive avec la disparition de Sophie. L’œuvre de Jean Arp prend alors une tournure plus sombre. Les papiers se froissent, les statues prennent des formes squelettiques et chancelantes.





Mais l'art lui permet de refaire surface. Il s'intéresse au préadamisme, au tachisme, à l'art informel, continuant à questionner sa pratique, dialoguant avec les arts premiers, reprenant ses formes fétiches pour les métamorphoser...




C’est au sortir de la guerre que Jean Arp rencontre Pierre-André Benoit, grâce au poète Michel Seuphor. La complicité est immédiate, tant artistique qu’amicale et spirituelle. Les livres qui naîtront de cette relation, cette conversation intime achève l’exposition dans un dialogue fusionnel où il devient parfois difficile de distinguer le travail de l’un et l’autre.



Jusqu'au 9 octobre. Mardi au dimanche, 14 h-17 h. Musée PAB, 52 montée des Lauriers, Alès. 5 €, 2,50 €, gratuit - 12 ans. 04 66 86 98 69.





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