Arles : comme un souffle de Van Gogh

A partir d'une phrase de Van Gogh, la fondation qui lui est dédiée à Arles propose une variation sensible et poétique autour du souffle.

« Le fait est que nous sommes des peintres dans la vie réelle et qu’il s’agit de souffler de son souffle tant qu’on a le souffle. » Partant d’une phrase d’une lettre de Van Gogh à son ami Émile Bernard, les commissaires Bice Curiger et Julia Marchand proposent une exposition d’une folle liberté à la fondation Van Gogh à Arles. Sans tracer de ligne droite, elle livrent une variation poétique, croisant la performance, l’abstraction américaine et ses nombreux échos, la jeune génération pour une exposition riche en sensations.

Dans cette vaste et foisonnante déambulation, libre à chacun de saisir les ondes qui circulent d’une œuvre à l’autre, sans hiérarchie, sans direction autre que le plaisir. Un baiser à bout de souffle de Marina Abramovic, le vent dans les estampes d’Hokusaï, les ballons gonflés ou ratatinés de Piero Manzoni, les carnets de voyage du botaniste Francis Hallé côtoient les toiles vaporeuses Markus Döbeli, les pulvérisations d’Hans Hartung, la matière liquide qui se répand à la surface des œuvres de Vivian Springford ou les slogans libertaires d’Asger Jorn.

Le souffle, c'est aussi celui de la jeunesse de Joyce Pensato ou l'air qui fait voler un voile de Hans Haake, les hypnotiques plumes animées de Rebecca Horn, les visions de l'au-delà d'Andra Ursuta ou les chants méditatifs de Kristin Oppenheim.

L'exposition rassemble des artistes peu montrés dans les grandes institutions, d'où le charme de cette proposition insolite. Parmi les belles découvertes, Vivian Suter. Après la destruction de son atelier par les éléments, l'artiste a décidé de peindre avec la nature, des grandes toiles abstraites tendues dans le vent, dans l’air où circulent aussi les effluves des feuilles de laurier de Giuseppe Penone et où vole un fascinant papillon de nuit de Van Gogh.