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Arles : l'exposition coup de poing d'Arthur Jafa à la fondation Luma

L'artiste noir-américain Arthur Jafa présente une exposition monumentale à la fondation Luma Arles.

Le titre en forme d'anagramme choisi par Arthur Jafa pour sa rétrospective à la fondation Luma à Arles est clair : "Live Evil", le "Mal vivant". L'envers. L'endroit. Pile. Face. La vie. Le mal. La vie, c'est celle des noirs dans la société américaine. Le mal, c'est celui qui traverse les siècles, conduisant à l'esclavage, à la ségrégation, aux lynchages. L'art d'Arthur Jafa est un combat, l'artiste est à la fois un activiste et le mémorialiste d'une époque aux plaies béantes. Son exposition est un véritable coup de poing !

Après des débuts dans le cinéma, notamment aux côtés du réalisateur Spike Lee, Arthur Jafa est devenu à la fois un artiste célébré dans les plus grandes institutions (il a eu le lion d'or à la Biennale de Venise 2019), mais aussi une icône pour les défenseurs de droits des minorités, pour la génération "Black Lives Matter", tant son oeuvre pointe avec acuité et sans détour les failles d'une société.

L'exposition, la première de cette ampleur en France et sans doute en Europe, s'ouvre par une gigantesque photo d'enfants noirs en 1899, le bras levé pour le salut au drapeau. Le geste a été supprimé en raison de sa similitude avec le fascisme. Mais le trouble n'est pas levé.

Arthur Jafa explore l'histoire américaine, depuis ses origines, travaillant les archives photos ou vidéos pour des oeuvres spectaculaires. Avec The White Album ou Apex (présentée en version ralentie), l'artiste déconstruit les références culturelles qui conduisent au racisme et à la violence.

Au fil des vidéos ou des installations en photos découpées, le visiteur croise des figures de la culture noire, Miles Davis notamment. Une énorme roue de chantier rappelle le sort des ouvriers, tandis que les rails "porteurs de charge" métaphorisent l'expérience aliénante de la vie noire. Avec White Flag, la bannière étoilée en plastique est présentée à l'envers, délavée, perdant ses couleurs et son pouvoir mythologique...

L'accrochage se déploie sur l'ensemble du bâtiment de la Mécanique générale, laissant respirer les oeuvres et le visiteur reprendre son souffle, devant l'ampleur, la force et souvent la violence des créations, où apparaissent aussi les victimes de l'ouragan Katrina en Louisiane, les esclaves scarifiés ou le lynchage de Duluth en 1920 qui a inspiré James Brown pour sa chanson Cold Sweat.

L'exposition se poursuit à la Grande halle, avec des oeuvres récentes qui s'articulent dans une gigantesque présentation immersive. Autour de deux installations numériques, notamment le tellurique et inquiétant paysage de roches noires d'Aghdra, Arthur Jafa déploie ses références sur de vastes papiers peints, comme des panneaux publicitaires.

Dans la pénombre, Albert Ayler, figure du free jazz, côtoie Billie Holliday sur son lit de mort ou la militante Angela Davis. Au centre de l'espace, une pièce secrète accueille quelques bolis, objets magiques des rituels africains, fétiches sacrificiels à l'énergie secrète et surpuissante qui ont frappé l'artiste, dès le premier regard.


Jusqu'au 13 novembre 2022. Fondation Luma, parc des ateliers, Arles. Gratuit sur réservation luma.org


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