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Arles : les hommes et le travail à la fondation Van Gogh

La fondation Van Gogh à Arles présente des photos de la collection Herzog en regard d'oeuvres contemporaines.

Saisir la vie de l’homme au travail faisait partie des recherches de Van Gogh, le fils de pasteur qui avait observé le sort malheureux des ouvriers à Londres et se passionnait pour l’œuvre de Jean-François Millet. C’est en regard de cette thématique que la fondation Van Gogh à Arles présente l’exposition “...et labora”.

L’accrochage s’articule autour de la spectaculaire collection des Suisses Ruth et Peter Herzog, qui ont accumulé en 45 ans plus de 600 000 photos, depuis son invention par Niepce jusqu’à 1969, qui marque selon les collectionneurs le basculement « vers un autre monde » avec le premier pas de l’homme sur la Lune. Le fonds compte tous les grands noms de l’histoire de la photo, mais aussi des milliers de photos anonymes, albums de famille ou clichés amateurs réunis autour de la large thématique de la vie quotidienne.

Dans cette masse gigantesque, la commissaire Bice Curiger a sélectionné une toute petite partie de cette immense collection, une centaine d’images autour du monde du travail. Les rues de Paris éventrées et les ouvriers dans les tunnels du métro en construction, les grands réfectoires des usines de textile, les turbines dans les mines, les enfants dans les ateliers, les travaux aux champs... Les images montrent un monde vu par les yeux des patrons, car les ouvriers et les paysans n’avaient pas les moyens de commander des photos ! Depuis les origines de l'art, c'est tout un monde qui a échappé à la représentation, qui n'a pas produit d'images, réduit au mieux à un rôle de décor accompagnant les célébrations de la puissance.

Comme d'habitude avec les expositions de la fondation Van Gogh, l'accrochage permet de revisiter l'histoire de l'art en s'écartant des grandes lignes, célébrant toujours les vainqueurs. A travers les photos du couple Herzog et leurs recherches incessantes de nouvelles images, le monde qui se dessine n'est pas forcément celui vu habituellement par les artistes. Les clichés sont mis en regard avec des ex-voto, de la même époque, tableaux populaires qui échappent totalement au récit académique et formaliste de l'histoire de l'art et qui montrent la plupart du temps de façon édifiante des accidents du travail, événements meurtriers invisibles dans les photos commandées par les grands capitaines d'industrie.

Des artistes contemporains s’intéressent aujourd'hui aux mêmes questions, de façon plus ou moins indirectes. Dispersées à travers le fondation, les images des collectionneurs dialoguent de façon subtile avec les créations d'aujourd'hui : une vidéo renversante d’un espace de coworking par Yuri Pattison, les tableaux d’ouvriers de la minorité ouighour de Liu Xiaodong, les gigantesques salles de marché ou les cuves dorées de tankers photographiées par Andreas Gurski, les machines incompréhensibles et fascinantes de Thomas Struth ou les excavatrices décorées d’onyx précieux par Cyprien Gaillard. Avec distance, ils mettent en perspective les transformations du monde et de l'humanité, saisies par les photographes et toujours en cours, faisant apparaître de nouvelles problématiques, notamment la destruction de la nature, la mondialisation des flux financiers, les liens toujours renouvelés entre économie et politique.

Jusqu'au 13 avril. Mardi au dimanche, 11 h-18 h. Fondation Van Gogh, 34 ter rue du Docteur-Fanton, Arles. 9 €, 7 €, 4 €, gratuit - 12 ans. 04 90 93 08 08.


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