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Arles : Nature humaine, humaine nature à la fondation Van Gogh

La fondation Van Gogh à Arles présente une variation pleine de poésie autour des relations entre l'homme et la nature.

« La relation de l’homme à la nature et la nature dominée par l’homme sont des thèmes d’actualité », reconnaît Bice Curiger, co-commissaire de la nouvelle exposition de la fondation Van Gogh à Arles, avec Julia Marchand et Margaux Bonopera. Mais le musée ne souhaite pas éditorialiser sur le sujet, plutôt « défendre la force de l’art, introduire des dimensions plus vastes et plus complexes », en évitant tout regard moralisateur, s'interrogeant à la fois sur la fragilité de l'environnement mais aussi ce qui fait humanité, dans ce contexte d'effondrement.


À son habitude, le musée propose une variation poétique, une exposition en forme de déambulation sensible, une balade ignorant les codes et les hiérarchies. La sculpture Enfant et chien de Valentin Carron, modelé en pâte Fimo, accueille les visiteurs avec une douceur enfantine invitant à un autre regard sur le vivant, interrogeant la relation à la nature.

Gilles Aillaud, qui sera à l'affiche l'an prochain à Beaubourg, peint des scènes de zoo, jouant avec le cadre, le faux, la réalité, la nature emprisonnée et artificielle. Dans des décors imitant la vie sauvage, entièrement créés par l'homme, il peint des rêves artificiels, avec une forme de mélancolie. Dès les années 60, l'artiste, mort en 2005, posait des questions très contemporaines, sur le monde et sur l'art.


Ces interrogations se retrouvent notamment dans les peintures de l'Américaine Shara Hughes qui crée des paysages fantasmés et psychédéliques, mettant son savoir-faire virtuose au service d'un univers fleuri mais parallèle. « Elle crée un chaos et le répare au sein de sa peinture », explique Bice Curiger, qui dans ses quêtes incessantes de découvertes et redécouvertes exhume un artiste oublié, Luigi Zuccheri, peintre italien, ami de Giorgio de Chirico disparu en 1974. Hors du circuit, flâneur et esthète, il se réapproprie les techniques anciennes et regarde les plantes et les animaux, construisant des paysages où l'homme s'efface.




Au milieu de l'expo, un détour s'impose par la salle consacrée à Van Gogh. Cette année, le musée d'Amsterdam a prêté Bois, peint durant son séjour à Paris en 1887. La petite toile est accroché face à un hommage signé Robert Rauschenberg de la collection Yolande Clergue, revisitant de façon expressive le motif du tournesol.


Le parcours se poursuit notamment avec Olah Gyarfas. D'origine roumaine et hongroise, l'artiste se nourrit lui aussi des traditions rurales. Avec es sacs de tissu servant à amener le grain au moulin sont remplis de foins récoltés sur les terres de sa famille, il donne naissance à des sculptures et notamment un impressionnant duo de formes animales, comme des créatures protectrices encadrant le portail d'un temple.

Jochem Lempert regarde aussi la nature avec un œil singulier. Le photographe allemand a une formation de biologiste. Jouant avec le flou et le net, les effets de surexposition, les densités de gris, il livre des images qui ressemblent parfois à des dessins à l'esthétique minimale. Puis, il les disperse, compose un univers imprégné de zen...

Mais le regard contemporain sur la nature peut aussi se faire plus critique ou ironique. Avec la série Firm Being, Pamela Rosenkranz remplit des bouteilles d'eau minérale d'une matière étrange, évoquant à la fois la terre et le maquillage, présentant comme des bijoux des objets de consommation courante faisant oublier que seule l'eau est essentielle. Dans cet aller-retour entre naturel et artificiel, elle poursuit l'expérience avec une pièce particulièrement troublante, provoquant un malaise physique. Poussant sa démarche à l'extrême, elle parsème des fenêtres gothiques où la lumière bleue, celle du ciel et celle des écrans, devient rapidement insoutenable.

Que faire ? Face à la voracité humaine, la Nigériane Otobong Nkanga mélange histoire personnelle et narration collective. La grande tapisserie Le poids des cicatrices est particulièrement impressionnante, par sa richesse et l'accumulation de lectures possibles. Les cartes, les images d'extractions minières, les corps de pantins se mélangent à la précisiosité des fils d'or, au raffinement des compositions pour une fresque à la fois interrogative et thérapeutique.



Mais malgré cette exploitation, ces destructions, le simple émerveillement, presque naïf, est toujours possible devant la beauté de la nature. C'est ce qu'a ressenti Daniel Steegmann Mangrané en découvrant les phasmes, ces insectes brindilles, qui donnent naissance à une oeuvre fragile, questionnant les liens entre l'homme et les autres catégories du vivant.

Jusqu'au 10 avril. Mardi au dimanche, 10 h-18 h. Fondation Van Gogh, 35 ter rue du Docteur-Fanton, Arles. 10 €, réduit 8 €, étudiants 3 €, gratuit - 18 ans. 04 88 65 82 86

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