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Arles : Roberto Donetta et la complicité à la fondation Van Gogh

Une variation autour du photographe Roberto Donetta et de la nature à la fondation Van Gogh à Arles.

Une nouvelle fois, la fondation Van Gogh à Arles joue la carte de la découverte. Depuis quelques années, les amateurs d’art ont pris l’habitude de suivre les commissaires Bice Curiger et Julia Marchand sur les chemins de traverse. Une nouvelle fois, on peut abandonner cartes et boussole pour les suivre les yeux fermés. Avec "La Complicité", la fondation présente un projet monté dans l’urgence en plein confinement autour de l’œuvre photographique de Roberto Donetta. Le résultat est aussi intelligent que joyeux, singulier et remarquable.

Photographe autodidacte dans la vallée du Tessin en Suisse italienne et vendeur ambulant de graines, Roberto Donetta a photographié de façon fanatique son environnement pendant entre 1900 et 1930. Endetté à cause de sa passion, il a fini sa vie de façon assez triste. A sa mort, ses appareils sont vendus et ses négatifs oubliés. Ce n’est que dans les années 1980, que Mariarosa Bozzini, a retrouvé environ 5 000 plaques de verre, pour la plupart non datées, tirés selon les procédés anciens en 1993 pour une exposition à Lugano, puis de façon numérique plus récemment. L’exposition arlésienne est donc la troisième occasion de découvrir cette œuvre étonnante, qui ne se limite pas à un témoignage de la vie paysanne de l’époque, à ses travaux champêtres, ses fêtes et ses deuils.

Roberto Donetta joue aussi avec ses contemporains, les met en scène. En extérieur, il s’amuse, il connaît les grands genres mais se joue des conventions. Le résultat est infiniment plus humain que les photos posées dans les ateliers de l’époque, reproduisant un rêve bourgeois un peu froid et souvent guindé. Roberto Donetta aime les enfants, les gens modestes auxquels il appartient et qu’il photographie avec parfois un sens du burlesque, des compositions jouant avec l’espace et la nature. Ses photos parviennent à la fois à être un témoignage et une rêverie sur une époque.

En regard, comme d’habitude, la fondation propose des œuvres qui ignorent les frontières. Les sculptures de Cyprien Gaillard mêlant lourdes têtes excavatrices et délicates barre d’onyx sont restées de la dernière exposition, tout comme les ex-voto provençaux du Museon Arlaten, peintures naïves d’accidents tragiques et de solutions miraculeuses dans un monde rural où les peurs, les joies, les superstitions se mélangent.

La nature omniprésente dans l’art de Roberto Donetta se retrouve aussi dans les bouquets de Marie Varenne, qui rythme avec douceur et poésie le parcours. La fleuriste installée en Camargue célèbre les jardins et les saisons en mêlant fleurs de champs et fleurs cultivées dans des compositions naturelles.

Les paysages, le végétal sont aussi au cœur des vidéos de Rose Lowder, cinéaste expérimentale née au Pérou et travaillant à Avignon. Avec des films, construits image par image, elle superpose les sensations, les lumières, les températures pour créer un environnement à la fois enveloppant et impressionniste.

Natusko Uchino vient aussi de loin et vit à côté. Née au Japon, elle travaille à Saint-Quentin-la-Poterie, près d'Uzès dans le Gard. S’intéressant au bois, à la céramique, aux matériaux naturels, elle célèbre une forme de simplicité, de complicité avec la nature tout comme Roberto Donetta, qui regardait avec émerveillement et tendresse le monde paysan qui disparaissait sous ses yeux.

Jusqu’au 13 septembre. Tous les jours, de 10 h-18 h. Visites commentées à 11 h 30 et 15 h. Fondation Van Gogh, 35 ter rue du Docteur-Fanton, Arles. 9 €, 7 €, 3 €, gratuit - 18 ans. 04 90 93 08 08.

 

Le square Saint-Pierre de Van Gogh

Comme chaque année, la fondation Van Gogh à Arles accueille un tableau prêté par le musée d’Amsterdam. Cette année, c’est Square Saint-Pierre au coucher du soleil peint par l’artiste en mai 1887 durant son séjour parisien qui fait le voyage jusqu’en Camargue. Avec son regard modeste sur le paysage, sa touche vibrante, il regarde depuis Montmartre un coin de nature à l’écart du bouillonnement de la capitale.


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