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Avignon : les mystiques d'Ernest Pignon-Ernest à l'église des Célestins

Ernest Pignon-Ernest présente "Extases, les mystiques", dans le choeur de l'église des Célestins à Avignon.

Après "Ecce Homo", la sublime rétrospective d'Ernest Pignon-Ernest l'été dernier au Palais des Papes d'Avignon, le bonheur se poursuit cette année avec une exposition plus modeste, mais tout aussi incontournable. L'artiste présente à nouveau son installation Extases, les mystiques à l'église des Célestins, 12 ans après sa création à la chapelle Saint-Charles lors du festival d'Avignon 2008.

Depuis sa première présentation, les Extases ont été présentées à plusieurs reprises, chaque fois dans les lieux chargés d'histoire ou de spiritualité, notamment à la Pitié-Salpêtrière à Paris ou à Nice, la ville natale de l'artiste. Dans le choeur de l'église des Célestins, les grands portraits en pied des mystiques s'élèvent de façon sculpturale sur des dibons de plusieurs mètres de haut, dans un cercle d'eau où les images se reflètent.

L'oeuvre est sublime, sa puissance est encore renforcée par les conditions de visite liées à la crise sanitaire. La rencontre avec les mystiques relève de la cérémonie initiatique. Toutes les demi-heures, les portes de l'église s'ouvrent pour laisser entrer dix visiteurs masqués qui peuvent rencontrer les portraits dans une ambiance silencieuse et recueillie. Le choeur et la nef sont plongées dans l'obscurité. Peu à peu, la lumière augmente et les images apparaissent. Les reflets des oeuvres et de l'architecture se développent. Puis les lumières s'éteignent, sur un même rythme tout en douceur, guidant le regard. Le moment est magique.

Avec le dessin néo-classique qui le caractérise, Ernest Pignon-Ernest figure des femmes mystiques, en situation d'extases. Côte à côte, apparaissent peu à peu, Madame Guyon, Hildegarde de Bingen, Catherine de Sienne, Angèle de Foligno, Marie de l'Incarnation, Thérèse d'Avila, Marie-Madeleine et Louise du Néant. Dans le fond, derrière les grands portraits, se distingue un portrait du Christ qui les guidait toutes, un dessin issu de ses aventures napolitaines spécialement ajouté pour cette nouvelle présentation. Dans ce face à face, le visiteur se retrouve face à la foi de ces femmes mais aussi aux questionnement de l'artiste, qui explique le long cheminement qui l'a conduit à ce projet majestueux :


« Au départ, dit-il, il y ces vers de Nerval : "...modulant tour à tour sur la lyre d'Orphée les soupirs de la sainte et les cris de la fée". Puis mes travaux napolitains m'ont amené à lire Ignace de Loyola, Saint-Jean de la Croix, Thérèse d'Avila. Les pages de "Ma Vie" conjuguées à des visites aux marbres du Bernin à Santa Maria della Vittoria et à la Bienheureuse Ludovica au Trastevere m'ont subjugué et, guidé par les écrits de Jean-Noël Vuarnet et Claude-Louis Combet, j'ai poursuivi ma quête et découvert les textes d'autres grandes mystiques. »

Prendre son temps, se laisser imprégner font partie de la façon de travailler d'Ernest Pignon-Ernest. C'est ce qui donne à chaque oeuvre sa force et sa profondeur. « Cela ne faisait que redoubler mes interrogations sur la représentation, poursuit l'artiste. Comment figurer des corps qui aspirent à se désincarner ? Comment restituer de tels transports, de tels excès, de telles effractions sublimées ? Comment dire cet infini du désir, de l'angoisse, de la douleur, de la suavité de l'exaltation qui les habitaient et toutes les contradictions qui les traversaient ? »

Pour répondre à de telles questions à la fois artistiques, spirituelles et philosophiques, l'artiste, nourri d'art religieux et de littérature, n'a « choisi que des mystiques chrétiennes qui ont écrit. Ces portraits sont nés de ce qu'elles ont dit elles-mêmes. De même, le plan d'eau noire découle des métaphores de ruissellement et d'abîme récurrentes dans leurs textes. Ce projet n'appelle évidemment pas la rue mais mes images nouent avec l'espace, l'histoire et la symbolique du lieu des relations du même ordre que celles que suscitent mes interventions urbaines. » La légèreté et l'ampleur des dessins permettent également de répondre à ces interrogations. Les dessins semblent flotter, prêts à s'élever et en même temps, par la taille des portraits, le réalisme des mouvements suspendus, le visiteur se retrouve face à un corps à sa mesure.

Jusqu'au 20 septembre. Du mercredi au lundi, 13 h-18 h. Eglise des Célestins, place des Corps-Saints, Avignon. Gratuit, uniquement sur réservation par courriel culture@mairie-avignon.com ou par téléphone 06 66 20 54 60.


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