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Avignon : plongée spectaculaire en Amazonie avec Sebastiao Salgado

Le spectaculaire projet "Amazônia" de Sebastião Salgado fait escale au Palais des Papes d'Avignon. Incontournable !

Voici une enclave amazonienne, soudain transportée dans la grande chapelle du Palais des Papes d’Avignon. Amazônia, le dernier projet du photographe brésilien Sebastião Salgado est une immersion au cœur de cet environnement majestueux, luxuriant et fragile, au contact des Indiens qui se battent pour sauver cette forêt et un mode de vie en communion avec la nature. Après Genesis, parcours dans les paradis originels et les paysages intouchés, le photographe humaniste s’est lancé dans Amazônia, un fascinant projet au long cours : « sept ans de travail pratiquement en continu, on a fait 48 voyages parfois de deux ou quatre mois » depuis les premières photos prises entre 2013 et 2019.

Sous la haute voûte gothique, une forêt de socles, conçue par son épouse Lelia, présente en très grand format les paysages démesurés, toujours avec cette intensité argentée de gris qui fait la puissance de photos de Salgado. À partir de bruits de la forêt, le musicien Jean-Michel Jarre a composé une bande originale enveloppant les visiteurs, avec les cris d’oiseaux et les bruissements des arbres.

À bord des avions et des hélicoptères de l’armée, il a survolé des paysages irréels. « On montre beaucoup d’aspects qu’on ne connaissait pas, notamment les montagnes qui sont très loin, très difficiles d’accès », précise Sebastião Salgado, qui dévoile aussi les « rivières volantes. C’est un nouveau concept développé il y a 5 ou 6 ans. Les grands arbres relâchent chaque jour 1 000 à 1 200 litres d’eau dans l’atmosphère. Les vents transportent ces nuages. Chaque jour, il y a plus d’eau qui quitte l’Amazonie par les airs que par le fleuve ». Dans les airs, le photographe donne à voir ces nuages puissants, cette eau arrose ensuite le reste de la planète.

Pour Salgado, le projet dépasse largement l’aspect artistique. Le photographe est aussi un citoyen engagé. Avec sa fondation, il a reboisé les terres qui avaient été exploitées par ses aïeux, faisant ressurgir les sources et la faune sauvage. L’exposition itinérante est une invitation à l’émerveillement, mais aussi un cri d’alarme pour sauvegarder cette terre et ceux qui l’habitent. Les images s’accompagnent d’ailleurs de textes didactiques expliquant les enjeux et présentant les tribus qu’il est allé photographié au cœur de la jungle. Itinérante à travers le monde, l'exposition diffuse le message de l'artiste de l'Europe à l'Amérique.

Dans des alcôves, comme des maisons “oca” au cœur de la forêt également pensées par son épouse, Salgado montre douze tribus qui habitent l’Amazonie. Pour l’artiste, leur protection est fondamentale pour toute l’humanité. « Les mentalités évoluent, notamment depuis le début de la crise sanitaire. La pandémie aurait pu tuer les Indiens, car ils n’ont aucun anticorps. On a créé un mouvement pour une ceinture sanitaire. Avec l’appui du pouvoir judiciaire, les premiers vaccins leur ont été réservés », précise Salgado.

Très mal vu par le gouvernement de Jair Bolsonaro, il ne baisse pas les bras avec l'aide des juges brésiliens. Avec son studio de campagne, il photographie les Indiens hors de tout contexte, donnant le nom de chaque personne qui croise son objectif. Parfois, il les photographie aussi dans leurs lieux de vie ou de travail, « mais c’est difficile car la forêt est tellement riche en détails ».

Plusieurs films donnent la parole à des chamanes et des leaders indiens pour parler des problématiques sociales, des enjeux économiques et des luttes. « Le mouvement indien n’a jamais été aussi menacé, mais également jamais été aussi organisé. Il y a des Indiens qui ont fait des doctorats, qui se battent et on a créé un système d’appui planétaire », se félicite Salgado, émerveillé à l’idée que vivent encore dans la forêt des groupes qui n’ont jamais été contactés. « C’est un privilège. La préhistoire de l’humanité est là-dedans ».

Le photographe qui a traversé les cercles de l’enfer lors de reportages dans les mines d’argent à ciel ouvert ou pendant le génocide du Rwanda, conserve la même humanité, le même goût de la rencontre, la même passion pour l’autre : « J’ai toujours autant de plaisir à faire des portraits, cette relation qui tu maintiens. Ce n’est pas toi qui fait la photo, c’est la personne qui fait te donne la photo en cadeau ».

Jusqu'au 30 novembre 2022. En juillet et août, tous les jours, 10 h-19 h. Du 1er septembre au 6 novembre, tous les jours, 10 h-18 h. Du 7 novembre au 30 novembre, tous les jours, 10 h-17 h. Palais des Papes, place du Palais-des-Papes, Avignon. 8 €, réduit 5 €, gratuit - 8 ans.







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