Boulevard Paris 13, musée du street-art à ciel ouvert
Chez Albin Michel, paraît "Boulevard Paris 13", consacré aux vastes fresques street-art le long du boulevard Vincent-Auriol dans le 13e arrondissement de Paris.
Paris est une ville-musée, avec ses églises, ses architectures historiques, ses statues sur les places, mais aussi avec ses fresques street-art. Et le 13e arrondissement, au sud de la capitale, est l'un des quartiers les plus dynamiques en la matière. Le beau-livre (en édition bilingue français anglais) qui paraît chez Albin-Michel consacré aux oeuvres qui colorent le boulevard Vincent-Auriol en est l'illustration. Après un texte de Mehdi Ben Cheikh, galeriste spécialiste du street art qui a réuni les graffeurs, le livre présente chaque oeuvre, avec une courte présentation de l'artiste, plusieurs photos in situ et le détail du projet parisien.
Le projet se déploie le long de la ligne 6 du métro, comme une galerie à ciel ouvert, à visiter avec un ticket de la RATP. Ce qui fait la force de "Boulevard Paris 13", c'est d'abord la taille monumentale des oeuvres, destinées à être vues de loin, à frapper le regard rapidement. C'est ensuite le casting réuni pour lui donner vie, avec quelques pointures internationales du street-art. C'est enfin la variété des propositions, allant des couleurs pop aux oeuvres abstraites, de la mosaïque aux clins d'oeil à la calligraphie.
La méthode de Mehdi Ben Cheikh passe d'abord par l'écoute de tous, dans un équilibre subtil, fragile, respectueux mais créatif. Dans son texte introductif, il explique son but : « pouvoir élargir les consciences et les imaginaires de chacun vers un ailleurs, un inattendu, en sortant le public de sa zone de confort, tout en veillant à ne pas franchir certaines limites. En tant que curateur, mon rôle est de donner le plus de liberté possible à l'artiste pour qu'il puisse pleinement s'exprimer, tout en prenant soin de respecter l'avis et les envies des gens qui vivent aux alentours de l'oeuvre. » Car s'intégrer dans le paysage, géographique comme social, suppose de la délicatesse. « Je dois amener le public quelque part où il ne serait pas allé, poursuit-il, tout en veillant à ce qu'il soit positivement réceptif à cette innovation, et de l'autre côté, je dois amener l'artiste à travailler dans les cadres qu'offre ce contexte particulier. C'est une spécificité qu'on ne retrouve nullement dans un musée et qui caractérise vraiment la pratique de l'art dans l'espace public. »
Et la réussite est au rendez-vous. En quelques années, le quartier a vu fleurir les oeuvres gigantesques, les couleurs pop de Tristan Eaton, les vastes mosaïques d'Invader, les anamorphoses de Seth, la dignité des visages de C215, l'évocation des azulejos par Add Fuel, la spiritualité de Cryptik et bien sûr les images iconiques de Shepard Fairey alias Obey Giant. En quelques années, l'artiste, connu pour ses affiches de la campagne de Barack Obama, est intervenu trois fois dans le 13e arrondissement, notamment avec sa fameuse Marianne, créée après la vague d'attentats de 2015. Le long du boulevard, se trouvent aussi les créations d'Inti, David La Mano, Pantonio, Faile, Jana & JS, BToy, Vhils, Conor Harrington, D*Face, Maye, ST4, Daleast, Hush, Hownosm, Ethos, Stew, Sainer, Roa et M-City.
Présenté sous la forme d'un coffret, l'opus rassemble le livre, avec le making-off du projet et la reproduction des fresques avec des photos pleine page et des détails mais aussi une série de dix planches reproduisant les fresques, pour recréer chez soi ce musée du street-art. De quoi élargir l'horizon, même dans sa bibliothèque...
"Boulevard Paris 13", de Mehdi Ben Cheikh. Editions Albin-Michel, 49 €.
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