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Jean-Pierre Cabanes, au galop à travers l'histoire italienne

Après Rhapsodie italienne, Jean-Pierre Cabanes revient à l'histoire de la péninsule, avec Rendez-vous à Naples, un roman situé en plein Risorgimento.


Écrivain et avocat nîmois, Jean-Pierre Cabanes est un amoureux de l’Italie qu’il explore avec une œuvre pleine de fougue. Après le succès de sa Rhapsodie italienne, grande fresque à travers l'histoire du fascisme, il est de retour avec Rendez-vous à Naples, un roman d’aventure situé en plein Risorgimento, l’unification de la péninsule italienne au XIXe siècle.


« En France, les gens croient que l’Italie a toujours existé. C’est une mosaïque de cités-états qui a longtemps essayé de s’unir. Ils vont y arriver grâce à un seul état, le Piémont, avec un homme d’Etat exceptionnel, Cavour et un roi qui avait la volonté d’y parvenir, Victor-Emmanuel ». Voilà pour le contexte historique que Jean-Pierre Cabanes connaît par cœur, accumulant les lectures de livres édités en France ou dénichés dans les librairies italiennes de Milan ou de Vérone.


A partir de là, il brode une histoire où le vrai, le faux, le vraisemblable et l’imaginaire s’entremêlent avec une telle maestria que le lecteur est emporté. L’écrivain ne le cache pas, en la matière, Alexandre Dumas est une référence, un modèle. Il reprend volontiers à son compte la formule de l’auteur des Trois mousquetaires : « Dans les romans historiques, il est permis de violer l’histoire à condition de lui faire de beaux enfants ». Programme ambitieux…


Dans cette période agitée, Jean-Pierre Cabanes raconte donc le Risorgimento à travers deux voix. Son héros, Giacomo est un guerrier, « un personnage totalement inventé, un patriote, un officier comme il y en a eu beaucoup. Il fallait qu’il soit noble et de vieille lignée ». Face à lui, Marie-Sophie en Bavière tient son journal, depuis son enfance au château de Possi, avec sa sœur, la célèbre Sissi impératrice. Mal mariée au roi de Naples, elle va devenir un vrai personnage de roman. On la croise d’ailleurs dans la Recherche de Proust ! Son mari est incapable d’assumer ses devoirs conjugaux, totalement sous la coupe de sa belle-mère, dévot priant sans cesse sa mère, la défunte Marie-Christine de Savoie que les Napolitains considèrent comme une sainte.


La jeune reine trompe donc son mari et va avoir des enfants, avant même de coucher avec son puceau de mari. D’après les sources françaises, une fille. D’après les Italiens, des jumelles. Jean-Pierre Cabanes adopte la deuxième version, s’empare de cette histoire secrète et lui donne donc pour amant Giacomo, faisant ainsi s’affronter au lit et sur le champ de bataille le Nord et le Sud, dans une histoire où l’amour, l’engagement et la loyauté sont en jeu.


Car ils ont beau s’aimer, la guerre est là, cruelle… Après avoir libéré le Nord de l’Italie, Giacomo, le révolutionnaire, se retrouve dans le Sud, cette fois du côté du pouvoir, à la tête de ces Piémontais que les Napolitains considèrent comme des occupants. La reine Marie-Sophie se bat pour sauver son royaume. Et quand le Sud tombe, ce n’est pas fini. Les brigands s’agitent, le pape aussi, les campagnes s’enflamment dans une ambiance de guerre civile. « Certains disent qu’elle dure encore », sourit Jean-Pierre Cabanes, qui brosse un récit au plus près de la réalité, avec une multitude de détails et un rythme palpitant.


Depuis les cinq jours de Milan jusqu’à l’exil parisien de Marie-Sophie peu avant la Commune, l’auteur parvient à tenir la longueur, sans aucun ralentissement et avec une vérité assez bluffante, inventant même une rencontre avec Louise Michel. « Je fais parler les héros historiques de la manière dont je pense qu’ils ont parlé, pour que ce soit vraisemblable, par exemple Cavour adorait les histoires de femmes ». Les scènes de guerre sont écrites avec le même élan, la même vérité. « Je n’invente rien, poursuit l’auteur, il y a eu des scènes de répression terrible. Quand la troupe arrivait dans un village rebelle, il n'en restait plus rien. En face, ils arrachaient le cœur des hommes vivants. Quand j’écris une scène, je la voie, il faut donc que le lecteur la voie aussi et qu’il ait envie de tourner la page. »


"Rendez-vous à Naples", de Jean-Pierre Cabanes. Editions Albin-Michel, 416 pages. 21,90 €.



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