La poésie, la tendresse et l’humour du Petit Nicolas sur grand écran
Le Petit Nicolas, qu'est qu'on attend pour être heureux ?, un film d'animation plein de charme sur l'histoire du petit héros et de ses auteurs, Sempé et Goscinny.
C’est l’histoire de deux génies et d’un personnage immortel. Depuis toujours, Anne Goscinny défend la mémoire de son père René mort prématurément en 1977. Son acolyte et ami Jean-Jacques Sempé a tiré sa révérence l’été dernier à 89 ans. Avec le film d’animation Le Petit Nicolas, qu'est-ce qu'on attend pour être heureux ?, réalisé par Anne Goscinny et Benjamin Massoubre, c’est leur destin que les lecteurs et cinéphiles redécouvrent avec un dessin animé au charme fou.
L’histoire pourtant n’est pas toujours aussi gaie que dans une cour de récréation. Sempé a grandi près de Bordeaux dans une ambiance familiale pas très joyeuse. Heureusement, il y a son grand père, son vélo et les matches de foot. Les parents de Goscinny ont pris le bateau pour l’Argentine, mais le reste de la famille est en partie deportée pendant l’occupation. Dès leur rencontre à Paris, c'est le coup de foudre. « Parce que c'était lui, parce que c'était moi », comme disait Montaigne.
Sur un rythme de swing, dans un Paris qui ressemble à une chanson de Trenet, dans le style des illustrations de Sempé, les deux amis vont accoucher d'un Petit Nicolas. Puis peu à peu, ils donnent naissance aux parents, à la maîtresse, à Eudes, Alceste, Clotaire et à ses petits camarades. Avec une étonnante fluidité, le récit mélange la vie des auteurs, l'histoire de cette création et les aventures du héros de papier. Le Petit Nicolas se promène sur la machine à écrire de Goscinny et dans son intérieur bourgeois, dans l'atelier bohème et entre les stylos de Sempé. Il part en colonie de vacances, se bat avec ses copains, sèche l'école, joue aux ballons et rencontre les filles. Les auteurs écrivent plus de 200 histoires, jusqu'à la disparition brutale de Goscinny.
Présenté au festival de Cannes, couronnée au festival du film d'animation d'Annecy, le film est un petit bijou de tendresse, une bulle nostalgique et malicieuse, destinée autant aux jeunes lecteurs qu'à leurs parents. C'est tout un monde qui reprend vie, l'arrivée de la télévision dans les foyers pavillonnaires, la presse des années 60, les terrasses de café, les retenues le jeudi, l'importance prise peu à peu par la bande dessinée dans la culture... Un monde comme dans un conte, plein de poésie et d'humour. Et franchement, c’est chouette !