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Nîmes : les fictions de Walid Raad, le vrai, le faux et l'histoire

Le musée d'art contemporain Carré d'art présente une installation de l'artiste libanais Walid Raad à la chapelle des Jésuites à Nîmes.

Et si la fiction était la meilleure façon de raconter l’histoire ? Non pas en mentant, en travestissant, en trompant, mais en évoquant les traces laissées dans les mémoires avec ce qu’elles comportent de vrai et de faux, de flou et de mythologique ? Depuis des années, Walid Raad travaille autour des meurtrissures de son pays, le Liban. Et avec beaucoup de justesse, il dit ce que sa terre natale traverse depuis des décennies. Tout l’été, Carré d’art présente une pièce de l’artiste contemporain à la chapelle des Jésuites. En 2014 déjà, le musée avait consacré une grande exposition à l'artiste et possède dans son fonds permanent plusieurs oeuvres du plasticien, fondateur du Atlas Group, centre de recherche imaginaire travaillant autour des archives libanaises.


Avec l’installation I long to meet the masses once again (J’ai hâte de retrouver les masses), Walid Raad présente une forme étrange faite des caisses en bois, comme celles où sont transportées les œuvres d’art, mais aussi les marchandises. Assemblées, elle trace une élégante silhouette nuageuse sous la nef de pierre blonde. Dans la pénombre, la sculpture dessine des ombres mystérieuses derrière elle.


Walid Raad raconte une histoire curieuse, une sorte de fable faisant écho à la réalité. Selon sa fiction, en 1975, au début des guerres qui ont déchiré le Liban, la plupart des monuments publics ont été démontés à la hâte et stockés dans des caisses non marquées. Erreur… Les caisses ont été dispersées dans divers sites de stockage sécurisés. Trente ans plus tard, les caisses ont été rassemblées et ouvertes dans l’espoir de remonter les monuments. Cependant l’absence de protocole de démontage et de remontage a entraîné la naissance de nouveaux monuments, composés à partir des ruines des anciens.


Pour Jean-Marc Prévost, conservateur de Carré d’art très attaché au Liban où il a travaillé, cette exposition est un clin d’œil à ce pays qui traverse une crise terrible. Mais il rappelle que la pièce de Walid Raad fait aussi référence à la véritable histoire. Pendant la guerre, le conservateur du musée archéologique de Beyrouth avait enterré les pièces les plus précieuses des collections sous une lourde chape de béton pour les protégés des bombes et des outrages du temps. Ainsi cachées pendant des années, elles avaient retrouvé le public la paix revenue.


L'installation s'accompagne de deux collages numériques de l'artiste, Sweet Talk Commission, où il mélange à nouveau le passé et le présent pour des sculptures de papier, tentant une nouvelle fois de représenter la situation de son pays.

Jusqu’au 5 septembre. Mardi au dimanche, 10 h-18 h. Chapelle des Jésuites, Grand’Rue, Nîmes. Entrée libre. 04 66 76 35 70.


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