Nîmes : au CACN, Steven Le Priol ou l'art comme "miroir déformant du réel"
Au Centre d'art contemporain de Nîmes (CACN), une exposition de Steven Le Priol pleine d'humour autour du vrai, du faux et du simulacre.
Steven Le Priol aime jouer avec le double, le vrai et le faux, le réel et la fiction, il aime montrer et cacher en même temps. Au printemps, il exposait à à l'artist-run-space Pamela à Nîmes. Le voici au CACN, le Centre d’art contemporain de Nîmes, avec un nouveau projet, reprenant de nombreuses œuvres de l’exposition précédente pour tisser une nouvelle narration, plus rêveuse, plus énigmatique, plus ludique aussi.
Dispersée de salles en salles, la série des Répliques est une clé de lecture de toute son oeuvre. Steven Le Priol collectionne les images d’illusion, les objets factices qu’il reproduit avec des petites peintures au style ultra-réaliste, comme des cartes postales envoyées depuis un monde parallèle. Une copie du Grand Verre de Marcel Duchamp (le vrai est brisé, il est conservé à Philadelphie et ne voyage plus) côtoie un gâteau en forme de portrait de Bruce Willis, des colonnes romaines “made in China”, une adepte du cosplay, une tête à coiffer hirsute évoquant un philosophe grec...
Les niveaux de lecture s’accumulent, se superposent interrogeant le regard, cette société où le kitsch se mélange au précieux, où les valeurs sont incertaines. A sa manière, Steven Le Priol essaie de « réactiver l’humour dans l’art conceptuel, qui a été confisqué » par des critiques trop sérieux. C’est ce qu’il faisait déjà jeune homme avec la série La Perruque, dessins automatiques réalisés sur son temps de travail quand il était employé dans un grand magasin parisien. La perruque n’évoque pas le postiche, même s’il aime les masques et les déguisements, mais l’utilisation par un employé de ses outils de travail à des fins personnelles.
Influencé par le cinéma d’horreur des années 70, au style parfois un peu bon marché, mais finalement assez révélateur de la société de l’époque, il maquille son galeriste en zombie ou créé avec Périphérie des images inquiétantes, racontant aussi les marges, ce quotidien invisible. Son art devient « un miroir déformant du réel ».
Explorant ces frontières, il s’intéresse aux rêves lucides, ces techniques de contrôle des rêves ou transforme les formes découpées du catéchisme des sœurs Bernadette pour présenter des incarnations négatives... Un kentia, plante sans qualité, sorte de petit palmier d’appartement, évoque Marcel Broodthaers ou Dominique Gonzalez-Foerster, qui l’ont utilisé pour des installations.
Ce jeu autour de la réalité, l’artiste le pousse jusqu’à se dédoubler lui-même avec l’artiste fictif Stéphane Etienne ou à réinterpréter graphiquement Substitutions, un roman invisible où le texte a disparu laissant la place à des illustrations, des notes, des commentaires, des exégèses qui dessinent comme un jeu de piste.
Jusqu’au 29 octobre. Mardi au samedi, 11 h-18 h. CACN, 4 place Roger Bastide, Nîmes. Entrée libre. 09 83 08 37 44.
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