Nîmes : au CACN, un regard plein de fraîcheur sur la peinture contemporaine
Le CACN, Centre d'art contemporain de Nîmes, propose une exposition collective autour de la vivacité contemporaine de la peinture.
Le titre de la nouvelle exposition du CACN, le Centre d'art contemporain de Nîmes, est à la fois ironique et résonne comme une invitation : "Tu verras, c'est très beau". Il faut dire que pendant des décennies le monde de l'art contemporain a regardé la peinture comme un médium du passé, une pratique révolue. Si elle n'était pas morte, il fallait l'assassiner et l'enterrer aussitôt ! Finalement, elle est toujours là, bien vivante. Et la jeune scène artistique rassemblée au centre d'art montre qu'elle prend aujourd'hui bien des formes. Les huit artistes présentés attaquent la peinture par des versants différents au sein d'une exposition pensée à la fois comme une collective et comme une collection de regards particuliers.
Elle-même peintre, Anouk Chardot est la commissaire de ce projet, repoussé depuis plusieurs années en raison de la crise sanitaire. Jouant avec l'espace, avec le dedans et le dehors, avec la friction entre les disciplines, elle peint des univers qui dépassent de la toile, des objets qui prennent vie à l'extérieur du tableau ou qui entrent dans sa peinture, dans un jeu de ping pong réjouissant.
Autour sont rassemblés des artistes revisitant la tradition. D'emblée le visiteur se retrouve face à une grande peinture numérique de Lana Duval. Comme dans les toiles impressionnistes, l'image semble abstraite, demande du recul pour apparaître. Peu à peu, une vaste cascade se distingue, s'évade. Le grand genre classique du paysage se retrouve aussi dans les toiles de Victoire Decavèle. Avec sa série Pffuit, elle évoque l'apparition avec poésie, comme dans une céramique chinoise. L'effet est encore plus étrange avec les surgissements étrange de ses Îlots.
La nature est également au cœur du travail de Margaux Fontaine, très loin de la peinture de chevalet, privilégiant la sensation à la représentation. Sur des draps anciens, elle accumule les empreintes de teintures naturelles pour des œuvres fragiles où les plantes, les fleurs viennent s'imprégner dans des œuvres, notamment grâce à la technique japonaise du "tataki zomé". Tous les sens sont en éveil face à ce travail, invitant le visiteur à entrer dans son univers.
Dans la peinture, l'image peut prendre bien des formes plastiques. Les natures mortes de Pauline Rouet se transforment en objets, en petits personnages, comme des jouets. Les motifs surréalistes de Nicolas Nicolini peuvent aussi se décliner en volume. Les peintures cinématographiques de Frédéric Clavère prennent corps sur des planches de bois découpées et assemblées, avec un humour imprégné par la pop culture.
Impossible d'évoquer la peinture sans inviter la tentation hyperréaliste. C'est Gaëtan Vaguelsy qui endosse le rôle avec son "bad boy" sur une énorme bouée rose, peint sur de la toile de Jouy. Fasciné par l'art classique, il se l'approprie pour y faire entrer son monde et mieux le dynamiter. Et revivifier la peinture !
Jusqu'au 18 mars. Mardi au samedi, 11 h à 18 h. Centre d'art CACN, 4 place Roger-Bastide, Nîmes. Entrée libre. 09 83 08 37 44.
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