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Nîmes : "Beau comme l'Antique" au musée des Beaux-arts

Le musée des Beaux-arts de Nîmes explore l'héritage de l'Antiquité chez les artistes et les penseurs depuis la Renaissance.

À Nîmes plus qu’ailleurs, il est facile de mesurer à quel point l’Antiquité a été une source d’inspiration. Depuis la Renaissance, pour les artistes et les intellectuels, c’est autour de son héritage qu’ont été définis les canons classiques de la beauté, que tous les beaux-arts ont été enseignés pendant des siècles, qu’il s’agisse de la peinture, l’architecture ou la sculpture. Avec son exposition “Beau comme l’Antique”, le musée des Beaux-arts de Nîmes explore cette longue transmission, la façon dont elle s’est construite pour traverser les siècles.

Accompagnant la redécouverte du patrimoine grec et romain, les premiers musées de papiers reproduisent les trésors. Grâce à la gravure, les érudits peuvent admirer des éléments de décor, les médailles, les monuments ou la statuaire. De grands formats, de beaux papiers, des reliures précieuses… Les opus somptueux du XVII et XVIIIe siècles sont achetés par de riches amateurs éclairés. Ils servent de répertoire de référence pour les copies et permettent aussi de détacher les feuilles pour avoir sous les yeux son exposition rêvée, avec une destination privilégiée : le cabinet de l’antiquaire, qui ne désigne pas à l’époque un marchand, mais un savant et un collectionneur, spécialiste de l’Antiquité.

Le Nîmois Jean-François Séguier était l’un d’eux. Secrétaire de Scipione Maffei à Vérone, il devient à son retour à Nîmes l’un de ceux qui vont mettre la ville en contact avec tout le monde des Lumières. Notamment grâce aux prêts l’Académie de Nîmes, le musée reproduit son univers, ce lieu dévolu à la connaissance et à l’étude. Car Séguier s’intéressait à tout, la botanique, l’astronomie et bien sûr l’épigraphie qui lui permet de déchiffrer la frise du fronton de la Maison Carrée et de dater le temple.

Le temple romain fascine les esprits. Au XIXe siècle, Alphonse de Seynes, architecte nîmois, livre une sublime série de lavis des monuments antiques. Et contrairement à ses prédécesseurs, il les représente sans interprétation, mais avec leurs proportions exactes, divines proportions qui peuvent se lire dans le nombre d’or ou le modulor du Corbusier. Le Nîmois qui a été chargé des fouilles, permettant de ramener le sol autour de la Maison Carrée au niveau de la ville romaine, ne s’interdit pas pour autant de glisser une scène charmante dans le temple de Diane, se représentant en train de faire visiter les lieux à quelques curieux.

Cette passion donne lieu à des collections précieuses que la bourgeoisie du Second Empire expose dans des meubles luxueux. Les plus belles pièces sont entre des mains prestigieuses, princières ou papales, à Paris ou à Rome, mais le fondeur de bronze Ferdinand Barbienne et son collaborateur Achille Collas inventent un procédé permettant des réductions en respectant parfaitement les échelles. La curiosité devient de plus en plus intense, correspondant au goût néoclassique. Dans le premier musée des Beaux-arts de Nîmes, à la Maison Carrée, les vestiges archéologiques et des premiers tableaux, sont accrochés à touche-touche. Des plâtres sont édités par le Louvre et envoyés en province, pour servir de modèle aux écoles de dessin, comme celle de Léopold Mérignargues, qui à la fin du XIXe siècle invitait ses élèves à travailler d’après l’Antique.

Pur produit de l’école de dessin nîmoise, élève d’Ingres, Charles-François Jalabert peint Horace, Virgile et Varius chez Mécène. Mais l’école ne forme pas que des artistes, elle est aussi destinée à la création de motifs pour l’industrie textile florissante à Nîmes.

Cette passion où se croisent l’esthétique et une connaissance de plus en plus précise, n’interdit pas les pas de côté. Ainsi Hubert Robert, qui a visité Nîmes en 1783, diffuse une image romantique des ruines, abandonnant la justesse de perspectives. « Il ne peint pas comme notre œil voit, mais notre cerveau interprète », explique Pascal Trarieux, conservateur du musée. Dans ses caprices, dont certains prêtés par le Louvre, la Maison Carrée se retrouve dans la forêt, au bord d’un lac. Parfois, du parvis, on peut même apercevoir le Pont-du-Gard et Saint-Rémy-de-Provence…

Jusqu’au 31 octobre. Mardi au dimanche, 10 h-18 h. Musée des Beaux-arts, rue Cité-Foulc, Nîmes. 5 €, 3 €. 04 66 76 71 82.


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